Allemagne : les femmes portant un nom turc et le voile sont victimes de discrimination à l'embauche
Un institut de recherche sur le travail a envoyé des fausses candidatures, accompagnées de photos, pour tester la réaction des employeurs. Celles dont la candidate porte un nom turc et le voile reçoivent quatre fois moins de réponses.
C'est une double peine. Sur le marché du travail allemand, les femmes portant un nom turc et le foulard islamique reçoivent quatre fois moins de réponses à leurs candidatures que celles portant un nom allemand, selon une étude menée par l'Institut IZA pour l'étude du travail (PDF en anglais), publiée mardi 20 septembre.
En envoyant 1 474 candidatures factices à des offres d'emploi de secrétaires, comptables et chef comptables, l'institut IZA a démontré que 18,8% des candidates portant un nom allemand étaient invitées à passer un entretien, contre 13,5% pour celles portant un nom turc et 4,2% pour les femmes portant un nom turc et un voile sur la photographie qui accompagnait le CV. "Ce résultat implique que les femmes portant le voile doivent envoyer 4,5 fois plus de candidatures que celles portant un nom allemand et aucun voile, pour recevoir le même nombre d'appels en retour", expliquent les auteurs de l'étude.
La discrimination plus forte à Berlin qu'à Munich
Pour mener cette étude, l'IZA a eu recours à des noms communs en Allemagne (Sandra Bauer) et en Turquie (Meryem Öztürk). Quant aux photographies, elles montrent chaque fois la même femme, cheveux découverts puis cheveux couverts. Toutes les candidatures décrivaient une femme ayant une bonne maîtrise de l'allemand et une formation en Allemagne.
L'étude révèle en outre des disparités selon les villes. A Berlin, 5,4% des femmes portant le voile ont ainsi reçu des invitations à passer un entretien, contre 8,2% à Munich, mais 0% à Stuttgart. A Dresde, 20% des "Sandra Bauer" ont eu l'opportunité de passer un entretien, mais 0% des "Meryem Öztürk", voilées ou non.
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