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Comment le lobby du tabac fiche les députés européens

Des documents internes révélés samedi par Le Parisien montrent comment Philip Morris fiche les députés européens, afin de déterminer qui peut être influencé. Des notes édifiantes sur le lobbying auquel se livre l'industrie du tabac. La firme se défend de toute démarche illégale.
Article rédigé par Julien Pasqualini
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
  (Reuters)

A chaque député européen sa couleur : le rouge pour ceux qui sont considérés comme des opposants à l'industrie du tabac, le bleu pour ceux qui sont perçus comme proches. Voilà en quoi consiste le fichier établi par Philip Moris International, le leader de la cigarette dans le monde, selon les révélations du Parisien . Ce document confidentiel datant de 2012 et 2013 montre comment les parlementaires européens sont fichés, et notamment les 74 Français, afin de pouvoir les influencer.

Des députés "à approcher d'urgence"

Ainsi par exemple l'eurodéputée de droite Françoise Grossetête est présentée comme une "fervente opposante à l'industrie du tabac " dont il faut "surveiller de près les éventuelles initiatives antitabac ". A contrario, une autre élue du même bord, Christine de Veyrac, est considérée comme "très favorable " et susceptible de convaincre ses collègues réfractaires. Enfin d'autres parlementaires supposés très influents doivent, selon le document, être approchés d'urgence. C'est le cas de l'actuel ministre de l'Agriculture Stéphane Le Foll, à l'époque député européen. En tout, 161 collaborateurs de Philip Morris feraient du lobby auprès du Parlement de Strasbourg. 

Cette méthode est-elle efficace ? En tout cas elle pourrait expliquer, selon Le Parisien , le report de septembre à octobre de l'examen d'une directive visant à mieux protéger les consommateurs des dangers du tabac, comme le renforcement des avertissements sur les paquets. L'eurodéputée Corinne Lepage, fichée comme "anti-industrie du tabac ", a vivement réagi sur France Inter : "Je ne suis pas anti-tabac mais anti-lobby. Je ne suis pas élue pour défendre des intérêts économiques ".

Rien d'illégal selon Philip Morris

Philip Morris de son côté se défend de tout lobbying illégal. La firme renvoie à un communiqué du 9 septembre 2013 dans lequel s'exprime Drago Azinovic, président de Philip Morris International. Ce dernier y écrit : "Il est malheureux que la discussion se focalise sur nos efforts pour faire connaître nos positions sur cette directive plutôt que sur une évaluation sérieuse du contenu et de l'impact probable de la directive proposée par l'Union européenne ". 

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