Chypre : l'Europe demande d'épargner les "petits déposants"
En échange d'un prêt de 10
milliards d'euros pour Chypre au bord de la faillite, les bailleurs de fonds
ont exigé l'instauration d'une taxe de 6,75 % sur tous les dépôts
bancaires en-dessous de 100.000 euros, et de 9,9 % au-dessus. Une
véritable rupture avec la pratique consistant, jusqu'à présent, à ne pas faire
supporter aux épargnants le coût du renflouement des États.
" Disons-le franchement,
cela ressemble à une confiscation de fonds étrangers " , a tempêté lundi le
Premier ministre russe Dmitri Medvedev. Une part importante de ces gros comptes
est en effet détenue par des ressortissants russes, dont Chypre est devenue ces
dernières années une destination bancaire très prisée.
À l'ouverture des marchés lundi matin, les places boursières européennes accusaient
le coup, sans toutefois céder à la panique.
Le Parlement chypriote a décidé de
se donner 24 heures de plus, reportant le vote à mardi après-midi. Le temps de réfléchir à une autre formule, selon le porte-parole du gouvernement chypriote. Le Parlement, a expliqué ce dernier mardi matin, n'approuvera sans doute pas cette taxe sur les dépôts bancaires.
Les "petits" traités "différemment"
Dans la soirée, les pays de l'Eurogroupe ont pourtant proposé une alternative. Que les comptes inférieurs à 100.000 € ne soient pas taxés du tout ; en revanche, au-delà, la taxe serait de 15,6%. Le communiqué publié par l'Eurogroupe lundi soir à l'issue d'une téléconférence met l'accent sur le fait que "les petits déposants doivent être traités différemment des grands déposants ". Il réaffirme "l'importance de garantir pleinement les dépôts inférieurs à 100.000 euros ". À condition, précise l'Eurogroupe, que la taxe rapporte près de 6 milliards d'euros comme prévu.
Les banques fermées mardi et mercredi
Les banques chypriotes en tout cas ne rouvriront pas avant jeudi. Une mesure destinée à "préserver la stabilité du secteur financier ", affirme le communiqué des ministres des Finances de la zone euro.
Chypre est le quatrième pays de la zone euro à bénéficier d'un plan de sauvetage européen, après la Grèce (deux plans successifs), l'Irlande et le Portugal. En Espagne, les banques avaient également bénéficié d'un plan d'aide financière.
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