Cécile Brossard condamnée à 8 ans et 1/2 de prison
La Française a été condamnée jeudi à huit ans et six mois de prison pour le meurtre de son amant Edouard SternLa Française a été condamnée jeudi à huit ans et six mois de prison pour le meurtre de son amant Edouard Stern
Cécile Brossard, qui encourait une peine maximale de 20 ans, devrait sortir de prison d'ici fin 2010, a indiqué la défense aux journalistes à l'issue de l'audience.
La jeune femme avait tué le banquier Edouard Stern le 28 février 2005 de quatre balles lors d'ébats sado-masochistes dans un appartement genevois.
Le jury a souligné le caractère "particulièrement lâche" du meurtre, mais a tenu compte des "regrets profonds" de l'accusée et de son "enfance difficile". Les jurés ont atténué la peine en raison de la "liaison tumultueuse" et du comportement "humiliant, harcelant et cruel par moment" de son amant.
Le procureur général Daniel Zappelli avait dans la matinée requis onze ans de prison contre Mme Brossard, tandis que les avocats de l'accusée avaient demandé aux jurés une "peine de compassion" qui lui permette de sortir "le plus vite possible" de prison.
Une combinaison en latex
Les personnalités du banquier quinquagénaire, 38e fortune de France et familier du gotha politico-financier (dont Nicolas Sarkozy et Laurent Fabius) et de l'accusée, ainsi que leur relation tourmentée depuis leur rencontre à Paris en 2001 ont été au centre des débats du procès qui avait débuté le 10 juin.
Cécile Brossard a avoué avoir tué son amant à bout portant. Il était alors revêtu d'une combinaison de latex, cagoulé et chargé de liens. L'arme utilisée, qui appartenait à la victime, a été retrouvée sur les indications de l'accusée, dans le lac Léman où elle l'avait jetée.
Amaigrie, le teint hâve et la chevelure terne ramassée en chignon, Cécile Brossard n'était plus que l'ombre de la maîtresse sulfureuse du banquier quinquagénaire lors de sa seule comparution en public, en décembre 2007 pour une audience de procédure. Depuis son placement en détention, elle a été internée plusieurs fois en hôpital psychiatrique pour des épisodes dépressifs jalonnés de tentatives de suicide, ont rapporté ses avocats.
Deux thèses opposées
L'affaire a inspiré deux livres et des théories parfois très imaginatives faisant de Cécile Brossard le bras armé de complots politico-financiers.
Pour les défenseurs de la famille d'Edouard Stern, partie civile, les mobiles du meurtre sont d'une grande simplicité. Cécile Brossard est une femme rusée et cupide, une "cocotte" entretenue qui a tué son amant par dépit et par intérêt, estime Me Marc Bonnant, un ténor du barreau genevois. Selon lui, l'accusée avait "attisé les fantasmes d'un homme de 50 ans", tombé dans la dépendance "d'une petite blonde de banlieue à la sexualité déviante".
Pour l'avocat de la famille Stern, l'épisode d'un million de dollars est l'élément déclencheur du drame. L'argent avait été versé par Edouard Stern sur le compte de sa maîtresse, avant qu'il ne se ravise et ne fasse bloquer le virement.
La défense de Cécile Brossard a décrit, elle, le banquier comme un manipulateur sans scrupules et un prédateur sexuel. Elle a tenté de montrer que la jeune femme a été poussée à bout par quatre ans d'une liaison destructrice. "Un million de dollars, c'est cher payé pour une pute...", aurait lancé Edouard Stern peu avant d'être tué, selon des déclarations de l'accusée, rapportées par ses avocats. Ce sont ces paroles qui l'ont poussée à empoigner l'arme qui était à portée de main dans la chambre, a-t-elle affirmé.
Pour Me Pascal Maurer, Cécile Brossard a été le jouet d'Edouard Stern qui l'a humiliée et harcelée "jusqu'à sa dégradation morale, jusqu'à sa dégradation physique", a fait valoir l'avocat devant la cour d'assises.
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