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Biogaz en Suède: les bus de Stockholm roulent grâce aux eaux usées

A Stockholm, 36% des autobus circulent grâce aux eaux usées de la ville et aux graisses des restaurants. Ces déchets sont triés puis fermentent dans les bassins d’une usine de recyclage avant d’être injectés dans les réservoirs des bus sous forme de biogaz – ou biométhane – utilisé comme carburant.
Article rédigé par Dominique Cettour-Rose
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
La princesse Victoria de Suède à bord d'un bus qui roule au biogaz, le 8 juin 2013, à Stockholm. (JONATHAN NACKSTRAND / AFP)

Creusés dans la roche, les 20 kilomètres de galeries de l'usine d'Henriksdal, vastes tunnels dotés de bassins et réservoirs, permettent de produire le carburant d'une partie des bus de la capitale suédoise. «Ce sont les déchets de la ville qui produisent le gaz pour alimenter les bus», explique Jean-Pierre Farandou, président du directoire de Keolis, l'opérateur français en charge de l'exploitation d'une partie des bus de Stockholm.



Ce n’est qu’à la «fin des années 90 que la priorité a été donnée aux autobus», souligne Andreas Carlsson, ingénieur interrogé par l'AFP dans cette usine, inaugurée en 1941, qui recycle chaque année plus de 850.000 m3 de déchets.

La Suède en avance sur la France
«Une usine de méthanisation demande un gros investissement. Il y a des infrastructures à construire, on est en retard en France», ajoute le patron de Keolis. «Le gaz est une énergie fossile. Il émet du carbone, mais moins que les autres. On peut facilement passer au biogaz, car c'est le même moteur» pour le véhicule, explique pour sa part Anne-Blandine Dassencourt, directrice adjointe environnement de Keolis.

A noter que contrairement à la Suède, la France interdit l'injection directe de biogaz dans le réservoir des autobus. Le gaz produit doit obligatoirement être injecté dans le réseau de gaz de ville, avant d'être utilisé comme carburant dans les transports et comme chauffage pour les logements. C'est le cas de «Lille, où 100% des bus roulent au gaz naturel de ville (GNV, le gaz classique, NDLR), dont une partie est du biogaz issu de la fermentation des déchets depuis 2014», souligne Mme Dassencourt.


Växjö, ville la plus verte d’Europe
Au sud de la Suède, à Växiö, tous les bus roulent au biogaz produit localement à partir des déchets alimentaires recyclés et ceux provenant des égouts. Nichée entre lacs et forêts de pins, la ville suédoise se chauffe grâce à la mousse et aux pommes de pins de ses forêts. Résultat: les émissions de gaz carbonique sont réduites de moitié par rapport à 1993. Elles sont parmi les plus faibles d’Europe.

Autre avantage du biogaz pour la Suède, c'est qu’il est produit sur place, contrairement à d’autres carburants alternatifs comme l’éthanol et le biodiesel. Ces derniers sont souvent importés et émettent toujours des polluants nocifs, même si le pays a décidé d’exiger les dernières générations de véhicules respectant les normes Euro VI, les plus strictes, selon Le Monde

Les bus électriques, prochaine étape
Prochaine étape: les bus hybrides ou tout électriques, grâce l'énergie éolienne et hydraulique produites localement. A Göteborg, trois bus tout électriques et sept hybrides (biodiesel et électricité) sont expérimentés par le constructeur suédois Volvo.


Malgré une technologie balbutiante et des prix élevés, dautres villes d'Europe se sont lancées sur ce marché estimé, au niveau mondial, à plus de 72 milliards de dollars (63 milliards d'euros) à l'horizon 2025, selon IDTechEX, spécialiste des technologies émergentes.

Londres, qui teste depuis 2013 des véhicules de transport électriques, a mis récemment un premier bus à étage en circulation. La capitale britannique compte se doter en 2016 de 51 bus électriques et 300 d’ici 2020. A Paris, la RATP avait annoncé en juin 2015 le remplacement d'ici à 2025 de ses 4.500 bus franciliens par de l'électrique à 80% et du biogaz à 20%. La loi française sur la transition énergétique fixe un objectif de 10% de biogaz dans la consommation de gaz naturel en 2030. 

«Les rares industriels qui présentent des solutions sont chinois, affirme M.Farandou, mais dans les conditions d'usage européennes, ils ne remplissent pas le cahier des charges». Quoi qu'il en soit, le cas suédois est observé de près par les constructeurs, les opérateurs et les collectivités locales qui cherchent de nouveaux moyens pour développer une économie plus verte.

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