Cet article date de plus d'onze ans.

Bébé avec 4,5 g d'alcool dans le sang : "S'il survit, il aura des séquelles"

Une femme ivre a accouché, mardi, en Pologne. La vice-présidente de l'association Syndrome d'alcoolisation fœtale détaille les conséquences pour l'enfant.

Article rédigé par Violaine Jaussent
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Toute consommation d'alcool pendant la grossesse n'est pas anodine pour l'enfant, selon la chercheuse Stéphanie Toutain, de l'association Syndrome d'alcoolisation fœtale. (IAN HOOTON / SCIENCE PHOTO LIBRARY RF / GUETTY IMAGES)

Il est né avec 4,5 grammes d'alcool par litre de sang. Cette alcoolémie a été relevée chez un nourrisson, mardi 14 mai, à Tomaszow Mazowiecki, dans le centre de la Pologne. Sa mère, une femme de 24 ans, a accouché par césarienne à l'hôpital où elle a été transportée d'urgence, après avoir perdu connaissance dans un magasin de boissons alcoolisées. Elle avait 2,6 grammes d'alcool par litre de sang. Elle risque jusqu'à cinq ans de prison ferme, pour avoir mis en danger la vie de son enfant.

Selon la police polonaise, le nouveau-né est dans un état "critique". S'il survit, quelles séquelles portera-t-il ? Éléments de réponse avec Stéphanie Toutain, vice-présidente de l'association Syndrome d'alcoolisation fœtale France, et maître de conférence à l'université Paris-Descartes, contactée par francetv info.

Francetv info : L'enfant peut-il survivre avec 4,5 grammes d'alcool par litre de sang ? Et dans quelles conditions ?

Stéphanie Toutain : C'est difficile à dire, mais avec un taux d'alcool aussi élevé dans le sang, son pronostic vital est, de toute façon, en jeu. S'il survit, il souffrira de séquelles. Dans tous les cas, les effets seront délétères sur son cerveau, même si on ne peut les prévoir avec exactitude. Cela dépend du métabolisme du fœtus, de la mère, de ses habitudes de vie... Néanmoins, toute consommation d'alcool pendant la grossesse, plus ou moins conséquente, n'est pas anodine pour un enfant.

Quels troubles peut-il développer en grandissant ?

Si sa mère était alcoolique pendant sa grossesse, l'enfant sera victime du syndrome d'alcoolisation fœtale (SAF) complet. Les effets principaux du SAF sont la dysmorphie crânio-faciale (modification des traits du visage), des lésions au cerveau et des malformations au cœur et aux reins. Marcher, parler, être propre... son développement, dans la petite enfance, sera plus long. Puis, il continuera de rencontrer des difficultés d'apprentissage tout au long de sa scolarité, en particulier pour assimiler les mathématiques.

Si une femme enceinte n'est pas alcoolique, mais consomme 2 à 3 verres d'alcool par semaine, ou si sa consommation est importante, mais exceptionnelle, l'enfant risque de souffrir d'un SAF partiel. C'est-à-dire qu'il développera un seul des troubles que je viens d'énumérer. L'enfant peut aussi souffrir d'un handicap invisible : par exemple, il peut être hyperactif si la mère a consommé quelques verres d'alcool au cours de sa grossesse.

Est-il plus exposé à l'alcoolisme ?

Oui. Un enfant exposé in utero a une prédisposition à l'alcoolisme, plus qu'un autre. Et, il va moins bien tolérer l'alcool.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.