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Récit Attaque au camion à Berlin : comment le marché de Noël s'est transformé en scènes d'horreur

Un poids lourd a surgi sur l'un des marchés de Noël de Berlin, lundi 19 décembre, tuant au moins 12 personnes et faisant au moins 48 blessés. Franceinfo revient sur cette soirée de cauchemar, où l'Allemagne a été frappée par un attentat.

Article rédigé par Carole Bélingard
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 3 min
Une voiture de police bloque l'entrée du marchée de Noël à Berlin (Allemagne), le 20 décembre 2016. (BERND VON JUTRCZENKA / DPA / AFP)

Un verre de vin chaud fumant à la main, Berlinois et touristes déambulent entre les allées d'un des marchés de Noël de la capitale allemande baigné par les illuminations. Il n'est pas encore 20 heures, lundi 19 décembre, sur ce marché touristique de Breitscheidplatz, au pied de l'église du Souvenir, monument phare de la partie occidentale de Berlin. Les marchés de Noël font partie intégrante de la tradition, de la culture allemande. Une parenthèse féerique, magique. On déguste des friandises, on s'émerveille devant les bibelots en bois vendus sur les étals, on discute, on rit. Insouciants.

>> Suivez les avancées de l'enquête après l'attaque au camion à Berlin

Une insouciance brisée en quelques secondes par un bruit assourdissant. "On a entendu un énorme 'boom' puis les lumières ont commencé à s'éteindre", rapporte Emma Rushton, journaliste britannique présente sur place, dans une courte vidéo diffusée sur le site du Daily Telegraph (en anglais)Un camion de 38 tonnes de marque Scania et porteur d'une plaque d'immatriculation polonaise surgit de la Kantstrasse et entame une course folle sur l'un des trottoirs de la Budapester Strasse du marché de Noël. Après avoir parcouru environ 50 mètres, le poids lourd s'encastre dans un chalet en bois. Sur son passage, le camion fauche la vie d'au moins 12 personnes et en blesse au moins 48. 

La camion s'est encastré dans un chalet en bois du marché de Noël à Berlin (Allemagne), le 19 décembre 2016. (CITIZENSIDE)

Des experts examinent le lieu de l'attaque au camion à Berlin (Allemagne), le 20 décembre 2016. (ODD ANDERSEN / AFP)

"Il y avait beaucoup de sang"

"J'ai juste vu ce gigantesque camion noir qui a foncé à travers le marché et renversé tellement de gens", témoigne une touriste australienne, Trisha O'Neill, à la chaîne de télévision Australian Broadcasting Corporation. Elle explique qu'il y avait "du sang et des corps partout", y compris d'enfants et de personnes âgées. Au bruit infernal du camion répondent les cris d'horreur de la foule, confie une femme en pleurs au Berliner Morgenpost (en allemand) : "Il y a eu cette forte détonation. Puis quelqu’un m’a tirée par le bras et j’ai entendu les cris. Juste à côté de moi, quelqu’un est tombé par terre et je me suis mise à courir."

"Je suis complètement sous le choc. Il y avait des blessés partout", raconte un autre témoin allemand à la ZDF (en allemand). Un réfugié syrien venu au marché de Noël relate également à la télévision allemande cette scène de panique où "les gens couraient partout". "Nous avons vu des corps au sol, certaines personnes étaient blessées, d'autres presque mortes. Il y avait beaucoup de sang", rapporte cet autre témoin de l'attaque à France 24.

Un "étrange silence"

Une autre femme raconte qu'elle a été renversée par un stand au passage du camion."C'est seulement après que j'ai vu plusieurs personnes au sol, elles ne bougeaient plus", raconte-elle. Un porte-parole des pompiers explique que l'atmosphère sur place "était bouleversante", qu'au début "il était impossible d'aider tout le monde". "C'était très dur", poursuit-il.

Attaque à Berlin : les témoignages
Attaque à Berlin : les témoignages Attaque à Berlin : les témoignages (REUTERS / APTN)

Puis à la violence des cris et aux crissements de pneus succède un "étrange silence", comme le rapporte un journaliste du Berliner Morgenpost. Peu après l'attaque, la place est fermée par un ruban rouge et blanc. Les blessés s’enlaçent, pleurent ou s’embrassent. Ce silence frappe aussi un journaliste du Spiegel (en allemand). "Sur la Breitscheidplatz à Berlin, seules les lumières bleues des voitures de police et des ambulances clignotent, mais leurs sirènes sont en sourdine", écrit-il.

"Banal, brutal"

Un temps confinées, les personnes dans le centre commercial attenant sont évacuées. Georg était avec son frère au cinéma. Une soirée en famille pour voir le dernier Star Wars. Ils sortiront aux alentours de 22h30, escortés par la police. Georg consulte son téléphone. Il a reçu des dizaines de messages de proches inquiets, confie-t-il au Spiegel (en allemand).

Il est arrivé ce que nous craignions tous. La terreur est maintenant en Allemagne.

Georg, un Berlinois

au Spiegel

"La merde est ici", s'emporte un autre Berlinois dans un restaurant à proximité du marché, rapporte Die Welt (en allemand). Après avoir été prudent sur la qualification de cette attaque au camion, le ministre allemand de l'Intérieur, Thomas de Maizière a confirmé, mardi 20 décembre, qu'il s'agissait bien d'un attentat. "Alors c'est comme ça que cela se passe. De manière aussi banale, aussi brutale", écrit un journaliste du Welt. La banalité et la brutalité d'un attentat à quelques jours de Noël.

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