: Reportage "On limite à trois paquets par voiture parce qu'on est en rupture de stock" : en Allemagne, la folie des feux d'artifice pour le réveillon du Nouvel An
Des coffres qui claquent et une longue file de voitures. Dès 6h du matin, jeudi 28 décembre, les premiers clients sont là. Parmi eux, Andreas, 51 ans, empile deux gros cartons dans son coffre : "Il y a une dizaine de fusées, des pétards, une cinquantaine au total et de toutes les couleurs bleu, rouge, argent, or... J'en ai pris pour 70 euros", précise-t-il.
Weco est le seul fabricant allemand de feux d’artifice, près de Cologne, dans l'ouest de l'Allemagne. L'entreprise réalise 95% de son chiffre d'affaires sur les deux jours qui précèdent la Saint-Sylvestre, quand la vente d'engins pyrotechniques est autorisée.
En 48 heures, 6 000 clients seront servis, explique Armin, l'un des 30 employés mobilisés : "Beaucoup de gens qui ont déjà commandé demandent s'ils peuvent en acheter d'autres sur place. Mais on limite à trois paquets par voiture parce qu'on est en rupture de stock. On a des Hollandais, des Français et des gens de toute l'Allemagne, de Hambourg, de Munich... Ça ne les dérange pas de faire des centaines de kilomètres", raconte l'employé.
L'industrie se défend d'être trop polluante
En 2020 et 2021, la pandémie de Covid a privé les Allemands de feux d'artifice à la Saint-Sylvestre. Cette année, avec l'inflation, les prix des pétards et fusées ont parfois augmenté de 60%. Pas de quoi décourager Nikolas, 21 ans, qui a fait deux heures de route depuis Francfort, plus à l'est, et qui vient de dépenser 150 euros. "Mon père dit que je suis fou de dépenser autant, mais ça me rend heureux de voir ces lumières multicolores. J'adore ça. À chaque fois, on essaie de faire un peu mieux que les voisins", raconte le jeune homme.
Régulièrement critiqués pour la pollution que génèrent les feux d'artifice, les fabricants se sont emparés du problème. Papiers et cartons remplacent le plastique dans les emballages et les embouts des fusées. Oliver Gerstmeier, le directeur des ventes de Weco, dénonce un faux procès fait à l'industrie pyrotechnique. "Il y a des particules fines qui sont libérées, mais elles disparaissent généralement de l'atmosphère au bout de 24 à 48 heures. Si nous mesurons toutes les émissions de CO2 dans l'atmosphère, en Allemagne, les feux d'artifice représentent 0,0003 %", précise-t-il.
"On pense souvent que nous sommes dans le top dix des émetteurs en Allemagne, mais ce n'est pas le cas."
Oliver Gerstmeier, directeur des ventes de Wecoà franceinfo
Cette année encore, les ventes de feux d'artifice s'annoncent exceptionnelles. Le secteur a réalisé un chiffre d'affaires de 180 millions d'euros en Allemagne en 2022, 35% de plus que le précédent record de 2019.
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