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"Pas avec nous" : en Allemagne, des milliers de personnes manifestent contre les "pactes" électoraux avec l'extrême droite

Le 5 février, l'élection surprise du libéral Thomas Kemmerich, grâce aux voix coalisées de la droite conservatrice et de l'extrême droite, avait déjà provoqué des rassemblements de protestation à travers le pays. 

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Des personnes manifestent contre des alliances électorales avec l'extrême droite, le 15 février 2020 à Erfurt, dans l'Etat régional de Thuringe (Allemagne).  (JENS SCHLUETER / AFP)

Ils ont foulé le pavé pour dire non aux "pactes" avec l'extrême-droite. Plusieurs milliers de personnes ont manifesté samedi 15 février à Erfurt (Allemagne), la capitale de la Thuringe où l'élection du dirigeant de la région, grâce à l'extrême droite, a provoqué un séisme politique dans le pays. Quelque 18 000 personnes ont manifesté, selon les organisateurs, des ONG, artistes, syndicalistes et responsables politiques, unis dans l'alliance #Unteilbar ("indivisible" en français).

Les manifestants se sont retrouvés à la mi-journée dans le centre de la ville sous le mot d'ordre "pas avec nous, pas de pacte avec les fascistes : jamais et nulle part !". Des banderoles proclamaient "nous ne voulons pas de IVe Reich" ou encore "nous ne voulons pas le pouvoir à n'importe quel prix"

Des personnes manifestent contre des "pactes" électoraux avec l'extrême-droite, le 15 février 2020 à Erfurt, capitale de la Thuringe (Allemagne).  (JENS SCHLUETER / AFP)

Le 5 février, le président de la Thuringe, le libéral Thomas Kemmerich, avait été élu grâce aux voix coalisées de la droite conservatrice et de l'extrême droite. Ce résultat surprise, une première depuis l'après-guerre, avait provoqué nombre de rassemblements spontanés dans toute l'Allemagne. Face au tollé, le candidat du petit parti libéral FDP a jeté l'éponge 24 heures après son élection à une très courte majorité.

Poussée de l'extrême droite en ex-RDA

Mais pour les organisateurs de la manifestation, le mal est fait. Signe de la tension dans tout le pays, plusieurs locaux du FDP sont devenus la cible d'attaques dans toute l'Allemagne. 

"Cette élection, c'est la fin d'un tabou", s'inquiète auprès de l'AFP Michael Rudolph, dirigeant de l'association DGB en Thuringe. Ce dernier attend des partis traditionnels des réponses concrètes aux électeurs tentés par le vote d'extrême droite, notamment "en termes de mobilité et d'emploi".

La rhétorique de l'Alternative pour l'Allemagne (AfD), le parti d'extrême droite créé en 2013, passe bien dans l'ex-RDA communiste, plus pauvre. En Thuringe, le revenu moyen annuel s'élevait en 2018 à 35 701 euros, contre 42 962 euros en moyenne en Allemagne, selon l'Office des statistiques. L'Etat souffre d'être délaissé par les jeunes générations et d'un grave déficit de natalité. 

Paralysie politique

Depuis plus d'une semaine, les institutions politiques de la région sont paralysées. L'extrême droite menace désormais de porter ses suffrages, en cas de nouvelle élection, sur Bodo Ramelow. Cette personnalité de la gauche radicale était à la tête de la région jusqu'en 2019 et refuse catégoriquement tout apport de voix de l'AfD. 

Les partis hors AfD doivent se réunir lundi à Erfurt pour trouver une solution permettant de gouverner cette région. Le dirigeant du parti conservateur (CDU) en Thuringe, Mike Mohring, a annoncé vendredi son départ pour permettre une "pacification" de la formation politique. L'onde de choc provoquée par ce rapprochement avec l'extrême-droite a aussi provoqué la chute de la dauphine d'Angela Merkel, Annegret Kramp-Karrenbauer. Celle-ci a renoncé à la course à la chancellerie lundi. 

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