L'Union Européenne condamne les provocations "inacceptables" d'Ankara, mais diffère toute sanction à décembre
Tandis que la France est favorable à des sanctions de l'UE contre la Turquie, l'Allemagne souhaite pour sa part que les 27 tempèrent leur réaction.
Pas de sanction dans l'immédiat. Les dirigeants de l'UE ont condamné jeudi 29 octobre les provocations et la rhétorique "totalement inacceptables" d'Ankara à l'encontre de la France mais ne décideront aucune mesure avant leur sommet en décembre, a annoncé la même journée le président du Conseil, Charles Michel, à l'issue d'un sommet européen en visioconférence.
La France veut faire sanctionner par l'UE les déclarations du président turc Recep Tayyip Erdogan contre le président Emmanuel Macron, accusé d'"islamophobie" pour avoir défendu le droit de publier des caricatures lors de hommage à Samuel Paty, enseignant français décapité pour avoir montré des dessins en classe. Recep Tayyip Erdogan a également estimé qu'Emmanuel Macron devait "faire des examens de santé mentale". Il a par ailleurs estimé que le président français dirigeait "une campagne de haine envers les musulmans" et a appelé au boycott des produits français.
"Nous condamnons les récentes actions unilatérales (de la Turquie) en Méditerranée orientale, les provocations et la rhétorique, qui sont totalement inacceptables", a déclaré le président du Conseil européen, Charles Michel, dans une brève intervention à la fin de la conférence de presse consacrée à la présentation des mesures européennes pour lutter contre la propagation de la pandémie de Covid-19.
Lors d'un sommet européen début octobre, l'UE a décidé de "travailler sur deux pistes: une piste positive et une piste moins positive... Jusqu'à présent la Turquie n'a pas choisi la voie positive. Nous aurons l'occasion de revenir sur ce sujet en décembre", a-t-il conclu.
L'Allemagne bloque les sanctions contre Ankara
Les relations entre la Turquie et la France se sont progressivement dégradées depuis l'an dernier, en raison notamment de désaccords sur la Syrie, la Libye et la Méditerranée orientale. L'UE a adopté une double approche à l'égard d'Ankara : elle s'est engagée à améliorer certaines coopérations et à relancer l'union douanière, à condition que la Turquie cesse ses forages illégaux dans les eaux de Chypre et confirme sa volonté de dialoguer avec Athènes.
"Si Ankara poursuit ses actions illégales, nous utiliserons tous les instruments à notre disposition", avait averti Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne. L'exécutif européen a été chargé d'élaborer des sanctions économiques et elle sont prêtes à être "utilisées immédiatement", avait-elle précisé. Les dirigeants de l'UE examineront "avant la fin de l'année si des développements positifs ont été enregistrés", avait précisé Charles Michel en octobre.
Mais l'Allemagne, qui mène une médiation avec le président turc, juge pour le moment inopportune toute décision sur des sanctions et bloque les demandes des autres Etats membres, ont expliqué à l'AFP plusieurs sources européennes.
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