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Helmut Kohl et François Mitterrand au cœur de l'amitié franco-allemande : "Il y avait une vraie affection entre les deux hommes"

L’ancien chancelier allemand Helmut Kohl est mort vendredi à l'âge de 87 ans. Avec François Mitterrand, ils avaient scellé l’amitié franco-allemande. Sur Franceinfo, Hubert Védrine revient sur les liens qui unissaient les deux hommes.

Article rédigé par franceinfo - Edité par Cécile Mimaut
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Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Le président François Mitterrand (G) et le chancelier allemand Helmut Kohl se tiennent la main en écoutant les hymnes nationaux français et allemand lors d'une cérémonie de réconciliation commémorant le souvenir des soldats français et allemands tombés pendant les deux guerres mondiales et scellant l'entente retrouvée, le 22 septembre 1984 à Douaumont, près de Verdun. (MARCEL MOCHET / AFP)

L’emblématique chancelier allemand Helmut Kohl est mort vendredi 16 juin dans sa ville natale de Ludwigshafen, au sud de l’Allemagne. Il avait 87 ans. Hubert Védrine, ancien ministre des Affaires étrangères, ancien secrétaire général de l’Elysée et ancien conseiller diplomatique de François Mitterrand dès 1981, revient samedi 17 juin sur franceinfo sur sur les relations fortes qui unissaient les deux chefs d’Etat.

Franceinfo : La poignée de mains entre Helmut Kohl et François Mitterrand le 22 septembre 1984, à quelques mètres du champ de bataille de Verdun, est devenue un symbole de la paix en Europe. Comment avez-vous vécu ce moment ?

Hubert Védrine : Nous l’avons vécue avec émotion mais on n’imaginait pas que ça allait prendre de telles proportions, presque historiques avec le recul. Pour nous, c’était un moment très important mais rendez-vous compte qu’ils ont été au pouvoir ensemble de 1982 à 1995, que moi j’ai assisté à près de 115 rencontres Kohl-Mitterrand. Il  y a des symboles mais il y a aussi un travail de fond qui les a amené à se rapprocher de plus en plus et à développer, au-delà des questions de relations bilatérales, une vraie amitié.  

Est-ce que ce rapprochement entre les deux hommes vous a paru tout de suite évident ?

Il n’était pas évident d’emblée, pas plus qu’entre Giscard et Schmidt qui n’étaient pas des mêmes bords politiques mais à ce niveau-là ces clivages partisans ne comptent pas, tout dépend du projet commun pour la France et pour l’Europe. Helmut Kohl était, je crois qu’on peut le dire, le dernier chancelier allemand pour qui la relation avec la France était fondamentale, presque prioritaire.

Qu'est-ce qui rapprochait François Mitterrand et Helmut Kohl ?   

Il n’aura pas fallu tellement de temps en réalité pour éprouver un vrai intérêt pour ce que l’autre disait. Une assez bonne relation s’est nouée vite. Ils se sont mis à parler de l’histoire, de leurs familles, de la guerre de 14-18 - Kohl avait perdu un oncle - de la Seconde Guerre mondiale. Cette dimension historique partagée en commun a très vite créé un ciment entre eux. Dès 1984, avant la poignée de mains, au Conseil européen de Fontainebleau, ils arrivent à faire front face à Margaret Thatcher et à débloquer l’Europe. Ça ouvre une période de 10 ans qui va aller jusqu’à Maastricht. Donc ils se sont compris très vite.

Cette amitié semblait indéfectible...

Il y avait je crois une vraie affection entre les deux hommes. Rappelez-vous les larmes d’Helmut Kohl à Notre Dame après la mort de François Mitterrand. Et quelques années après, quand j’étais ministre, Kohl demandait à ce que je passe le voir – il ne recevait pas des ministres en principe – et me parlait de Mitterrand sans arrêt. On était après la réunification. Il avait les larmes aux yeux quand il en parlait. C’était une relation qui était au-delà d’une très bonnes relations politiques.

Quel a été l’impact d’Helmut Kohl sur la politique européenne selon vous ?

Quand la réunification s’est présentée, Helmut Kohl a eu à prendre des décisions considérables, d’abord sur le plan intérieur. Il a décidé qu’un mark de l’est valait un mark de l’ouest. C’était une décision politiquement très forte. Et le point essentiel, c’est la monnaie unique. Fin 89, Mitterrand lui dit en gros : ‘Helmut, ça fait des années qu’on travaille là-dessus, le moment est venu, il faut y aller’. Les Allemands étaient très attachés au mark mais finalement Helmut Kohl accepte qu’il y ait une monnaie unique avec quand même une banque centrale indépendante, ce que nous acceptons. Ce sont des décisions historiques sur le plan à la fois franco-allemand et européen.

Hubert Védrine répond à Olivier Ferrandi sur franceinfo

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