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Vidéo Il a franchi le rideau de fer suspendu à une ligne à haute tension : plus de 30 ans après, Robert raconte son passage à l'Ouest

Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Article rédigé par Eric Biegala
Radio France

Robert Ospald avait imaginé une installation lui permettant de franchir le rideau de fer à travers les airs, accroché à une tyrolienne de sa fabrication.

L'endroit où Robert et son copain Frankie ont franchi le rideau de fer en juillet 1986, avec son copain Frankie, n'a pas beaucoup changé. Des champs de maïs dans une campagne vallonnée, d'où émergent les pylônes d'une ligne à haute tension, l'une des rares à passer d'Est en Ouest à l'époque. A l'Est, l'ex-Tchécoslovaquie communiste. A l'Ouest, l'Autriche. Au sol, barbelés et barrières électriques ont disparu. Seule une petite route bétonnée demeure pour rappeler ce rideau de fer, celle-là même où les garde-frontières tchécoslovaques patrouillaient nuit et jour.

Jusqu'à la fin des années 1980, le rideau de fer s'étendait du nord au sud de l'Europe. Une frontière qui prenait la forme d'un haut mur de béton à Berlin et qui se traduisait ailleurs par des barrières électrifiées flanquées de miradors et d'une armée de garde-frontières n'hésitant pas à tirer à vue. Pour la franchir, certains ont déployé des trésors d'imagination et de courage. En 1986, Robert Ospald et Zdeněk Pohl, dit "Frankie", imaginent et réussissent ainsi l'une des plus rocambolesques évasions depuis la Tchécoslovaquie jusqu'en Autriche. 

380 000 volts à portée de main

C'est là, dans ce champs de maïs, que Robert et Frankie sont arrivés, avec sous le bras la tyrolienne qu'ils s'étaient chacun construite : deux poulies et une planche pour s'asseoir et glisser ainsi vers l'Autriche. "On est arrivés par le train jusqu'à Znaïm à quelques kilomètres d'ici, on a ensuite suivi les voies de chemin de fer pendant la nuit et on est arrivé jusqu'à ce pylône," explique Robert, en dessous de cette ligne à haute tension.

Mais pour y parvenir il fallait trouver une astuce car on ne met pas une tyrolienne en métal sur un câble à haute tension par où passent 380 000 volts. 

Le truc, c'était tout simplement que tout en haut, il y a une ligne paratonnerre reliée à la terre, et qui n'est pas alimentée, qui ne porte pas de charge électrique. C'est sur cette ligne qu'on s'est accroché.

Robert Ospald

à franceinfo

Autre difficulté : comment descendre de ce pylône ? Là encore, les deux fuyards avaient pensé à tout : "On s'est halé à la force des bras, on s'était disposé dos à l'Autriche, détaille Robert Ospald. Et par ailleurs cette tyrolienne avait un frein parce qu'en fait, quand on se hale il faut un frein, sinon la tyrolienne repart dans l'autre sens !"  

400 mètres en tyrolienne

Cette nuit du 19 juillet 1986, il pleut à verse sur la frontière, il y a de l'orage. Les gardes, qui patrouillent bien en contrebas, n'auront pas l'idée de lever le nez en l’air. Et les deux hommes pourront se haler ainsi, sur 400 mètres. "On est descendu au pylône suivant ! se souvient Robert. Ça n'a duré que trois heures : monter là-haut, se tirer à la force des bras, et redescendre de l'autre côté."

En tout, entre 6 000 et 7 000 personnes franchiront clandestinement le rideau de fer en trente ans. Près d'un millier seront tuées en essayant de le faire. 

Frankie sur sa tyrolienne lors de la traversée de la frontière entre la Tchécoslovaquie et l'Autriche, en 1986. (RADIOFRANCE /  ERIC BIEGALA)

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