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Bitcoin: crise de confiance mondiale autour d'un ovni monétaire

Le bitcoin est une monnaie électronique, qui n’est soutenue par aucun gouvernement ou banque centrale. Les autorités de différents pays ont entrepris de sanctionner Ses utilisateurs pour des transactions illégales, pendant que les autorités de régulation cherchent à encadrer cette devise dont la réputation sulfureuse est alimentée par plusieurs affaires en cours.
Article rédigé par Dominique Cettour-Rose
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
La Maison du bitcoin à Paris.  (AFP PHOTO /STEPHANE DE SAKUTIN )

La faillite de MtGox, au Japon, a porté un coup dur à l’image du bitcoin. La plateforme d’échanges avait dû déposer le bilan, en février 2014, après avoir été victime d’une attaque informatique entraînant la disparition de 650 millions de dollars de bitcoins appartenant à 127.000 utilisateurs, dont 1000 Japonais. Plus récemment, une plateforme illégale a été démantelée dans le sud de la France pour un trafic présumé de bitcoin avoisinant les 200.000 euros. 

Un cours volatile
Cette monnaie virtuelle fluctue en fonction de la demande des utilisateurs qui peuvent la transférer par internet ou l’entreposer dans des «portefeuilles» numériques. Alors qu’il valait moins d’un dollar en février 2011, le bitcoin a atteint 1240 dollars en novembre 2013, avant de rechuter lourdement. Actuellement, un bitcoin s’échange contre un peu plus de 600 dollars (442 euros).

Créé à partir d’un codage informatique crypté, le bitcoin peut être utilisé pour des achats de marchandises ou de services ou encore être échangé en ligne contre des devises. Les transactions ne passent pas par une compensation entre organismes bancaires, échappant ainsi à toute commission.Les monnaies virtuelles, générées sur les réseaux informatiques, ont commencé à circuler dès 2009.

Début juillet 2014, l’Autorité bancaire européenne (ABE) a conseillé aux banques de se tenir à l’écart en l'absence de cadre juridique protecteur. L’Autorité française des marchés financiers (AMF) a elle aussi souligné les multiples risques liés au fait que les plateformes d'échanges «ne respectent pas le cadre réglementaire», en prônant une coordination internationale et des actions rapides.

Un rapport de Tracfin
La France s’est emparée du dossier, en s’appuyant sur un rapport de la cellule anti-blanchiment Tracfin. Au niveau européen, Paris veut imposer aux plateformes qui échangent des monnaies virtuelles contre des devises officielles de vérifier, pour chaque transaction, l’identité de l’auteur et du bénéficiaire, ainsi que l’origine des fonds, espérant l’adoption d’ici la fin de l’année d’une directive anti-blanchiment. Côté fiscalité, une instruction publiée, le 11 juillet 2014, rend imposable les plus-values réalisées au titre des bénéfices tirés par les utilisateurs et fait entrer les monnaies virtuelles dans l’assiette de l’impôt de solidarité sur la fortune (ISF). Paris espère toutefois aboutir à un accord européen avant la fin de l’année pour que les monnaies virtuelles ne soient pas assujetties à la TVA. Une mesure qui devrait rassurer les défenseurs hexagonaux de la crypto-monnaie.

Pas de valeur légale aux Etats-Unis
Pour l’administration fiscale américaine (IRS), le bitcoin n’a «pas de valeur légale». A la mi-mars, l’Autorité américaine de régulation des marchés financiers (Finra) avait assuré que le bitcoin était un investissement «plus que risqué» facilitant la fraude et les escroqueries. D’éventuels salaires versés en bitcoin devraient être soumis à l’impôt sur le revenu en calculant sa valeur au moment de la transaction.

Considéré en Allemagne, depuis août 2014, comme une «monnaie privée», le bitcoin est soumis à une taxe de 25% sur les bénéfices réalisés à la vente par ses utilisateurs. Et les entreprises à un taux de TVA sur les transactions réalisées.

Plusieurs enquêtes sont en cours au Japon pour tenter de comprendre ce qui s’est passé pour MtGox et Flexcoin, société canadienne victime elle aussi d’un piratage informatique et contrainte de cesser ses activités. En avril 2014, quatre grandes banques australiennes, dont la National Australia Bank (NAB), ont pris leurs distances avec cette devise virtuelle considérant qu'elle posait un niveau de risque inacceptable pour leurs activités.

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