Alfred Nobel : une invention explosive et des prix révolutionnaires
Pour Alfred Nobel, la création des récompenses qui portent son nom était un moyen de répondre aux critiques de ceux qui lui reprochaient d’être un «marchand de mort». L’industriel avait lui-même été concerné par les ravages que peuvent provoquer les produits explosifs. En 1863, son usine, installée à Heleneborg, près de Stockholm, avait été détruite par une explosion, qui avait tué cinq personnes, son plus jeune frère et quatre employés.
Cet humaniste éclairé, féru de poésie, amateur de Byron, qui correspondait avec Victor Hugo, souhaitait apporter à l’humanité bonheur et paix. Mais il se doutait que la dynamite n’y avait pas forcément participé… Devenu riche grâce à ses nombreuses découvertes (il a ainsi déposé 350 brevets au cours de sa carrière), il entendait utiliser sa fortune pour contribuer à ce louable objectif. Dans son premier testament, il institue donc en 1893 un prix pour récompenser une découverte scientifique poursuivant le même but.
En 1895, un an avant sa mort, l’industriel sans enfant en rédige un second. Aux termes de ce testament, quelque 31,5 millions de couronnes suédoises, soit 1,7 milliard de couronnes d’aujourd'hui (197 millions d'euros), étaient affectées comme capital aux distinctions Nobel. Un capital dont les intérêts chaque année devaient être redistribués «à ceux qui au cours de l'année précédente se sont consacrés au plus grand intérêt de l'humanité».
Le document prévoyait que les intérêts du capital placé seraient répartis ainsi : «Une part à qui aura fait la découverte ou l'invention la plus importante dans le domaine de la physique; une à qui aura fait la découverte ou le progrès le plus remarquable en chimie; une à qui aura fait la découverte la plus importante dans le domaine de la physiologie ou de la médecine; une à qui aura produit dans le domaine littéraire l'œuvre la plus remarquable d'une tendance idéaliste; et une part à celui qui aura agi le plus ou le mieux pour la fraternisation des peuples, l'abolition ou la réduction des armées permanentes ainsi que pour la formation et la diffusion de congrès de la paix.»
Un prix pourvu de près d'un million d'euros
Au regard de la loi, le testament ne désignait pas de légataire pour la fortune elle-même. Si bien qu'à sa lecture, en janvier 1897, il fut vivement contesté par des membres de la famille Nobel.
Dans le même temps, Alfred Nobel a désigné les différents comités qui attribueraient les prix chaque année: Académie suédoise pour la littérature, Karolinska Institutet pour la médecine, Académie royale suédoise des sciences pour la physique et la chimie, et une assemblée spécialement élue par le Parlement norvégien pour la Paix.
Mais il n'a pas expliqué les modalités que devraient suivre chaque comité pour remettre les prix dans sa discipline.
Plus de trois ans s'écoulèrent avant que l'affaire ne fût réglée: il fût alors décidé d'instituer comme légataire une Fondation Nobel qui gèrerait le capital des prix Nobel. Tandis que les divers comités désignés par le testament acceptaient de se charger de l'attribution des prix.
En 1968, à l'occasion de son tricentenaire, la banque centrale de Suède (Riksbank) a institué un prix de sciences économiques en mémoire d'Alfred Nobel. Elle a ainsi décidé de mettre à la disposition de la Fondation du même nom une somme annuelle équivalente au montant des autres prix.
Aujourd'hui, chaque prix est doté d'un montant de 8 millions de couronnes suédoises (environ 925.200 euros). Une somme que se partagent les lauréats s'ils sont plusieurs.
Alfred Nobel n'était pas celui que vous croyez...
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