1er janvier : l’euro fête ses 15 ans... avec des plaies et des bosses!
La monnaie européenne a 15 ans. Oubliés le franc, le mark ou la lire... Plus de 1.000 milliards d'euros sont en circulation sous forme de billets ou de pièces, selon la BCE. Pourtant, l'euro serait encore fragile. «Dans sa forme actuelle, l'UEM n'est pas viable à long terme», estimait même, récemment, l'Institut Jacques Delors, pourtant peu suspect d'euroscepticisme.
Dans la longue histoire de la construction européenne, la création de l'euro a été un moment fort, symbole de l'intégration des différentes économies. Une création qui ne s'est pas faite en un jour. Avant d’être sonnante et trébuchante, l’euro a été une monnaie d’échange entre les pays membres de l’Union européenne.
Plusieurs étapes ont précédé la mise en route de la monnaie : dès 1992, le traité de Maastricht sur l’Union européenne instaure l’Union économique et monétaire et établit les fondements de la monnaie unique. En janvier 1994, toutes les restrictions aux mouvements de capitaux et aux paiements entre les États membres ont été abolies.
En 1997, s'instaure une coordination renforcée des politiques économiques, visant à assurer la convergence des économies des Etats membres, préalablement nécessaire à l'utilisation d'une monnaie unique. Enfin, en janvier 1999, est créée une monnaie unique et une Banque centrale européenne.
Le 31 décembre 2001 à minuit marque l'introduction officielle des pièces et des billets de la monnaie unique dans les 12 pays de la zone euro naissante: Allemagne, Autriche, Belgique, Espagne, Finlande, France, Grèce, Irlande, Italie, Luxembourg, Pays-Bas et Portugal. Dès le premier jour de 2002, ces pièces et billets sont en circulation.
Mais pourquoi avoir créé l’euro ?
Dans la foulée du grand marché, l'idée d'une monnaie commune s'impose. L’euro a été créé parce qu’une monnaie unique présente de nombreux avantages par rapport à l'époque où chaque État membre avait sa propre monnaie. «Non seulement l’euro élimine les risques de fluctuation et les frais de change, tout en renforçant le marché unique, mais il favorise aussi une coopération plus étroite entre les États membres pour garantir une stabilité économique et monétaire dont nous profitons tous», affirme le site de l’Union européenne.
La croissance dans la zone euro en retard de 22 points sur les USA
Commerce intraeuropéen, compétitivité, taux d'intérêt, poids de l'euro, parité avec le dollar, intégration européenne... Les critères pour juger l'euro sont nombreux et parfois contradictoires.
Pourtant, au départ, tout semblait rose. L’euro devait limiter l’inflation, faciliter les échanges, permettre une plus grande circulation des capitaux favoriser des taux d’intérêts bas... et donc doper la croissance. L’Union européenne affirmait clairement ces avantages: «Un choix accru et des prix stables pour les consommateurs et les citoyens. Plus de sécurité et d’opportunités pour les entreprises et les marchés. Un renforcement de la stabilité et de la croissance économiques. Des marchés financiers mieux intégrés Une présence plus forte de l’UE dans l’économie mondiale Un signe tangible d’une identité européenne».
Aujourd'hui, après la crise de 2008 et ses conséquences, les attaques pleuvent sur la monnaie européenne. Les critiques portent aussi bien sur les politiques économiques européennes, plutôt restrictives, que sur les disparités que la monnaie a introduite entre pays européens du fait de l’imperfection du marché européen. «Les graves problèmes que rencontrent actuellement la zone euro du fait des difficultés de la Grèce, mais aussi de l'Espagne, de l'Irlande et du Portugal, sont liés aux divergences persistantes entre les dynamiques économiques des différents pays. Et à l'insuffisance des moyens dont on dispose pour l'instant afin de les contrôler et les limiter», notait ainsi Alternatives economiques en 2010.
«L’élimination des barrières commerciales devient facteur de concentration de la production dans le centre de la zone concernée, afin de tirer avantage des économies d’échelle et de l’accès aux marchés, avec pour effet induit des disparités entre les régions. C’est ce mécanisme qui a notamment accéléré la concentration de l’industrie dans un petit nombre de pays», ajoutait une note d'Hakim El-Karoui en 2015.
«Les économies n'ont pas convergé. Dans les premières années de l'euro, l'Espagne, le Portugal, la Grèce et l'Irlande étaient en surchauffe, alors que l'Allemagne restaurait sa compétitivité et ses comptes publics après la réunification. Désormais, les pays autrefois en surchauffe connaissent un ajustement brutal, un chômage de masse et la récession tandis qu'en Allemagne, la consommation et le marché immobilier progressent, et les entreprises manquent de main-d'oeuvre. Cette situation n'est pas étonnante; aux Etats-Unis, les divergences sont encore plus fortes », relativisait Les Echos en 2013.
Alors que sur le plan politique, les débats se tendent entre partisans d’une Europe dans laquelle les nations reprendraient des parts de souveraineté et ceux prônant, au contraire, une intégration plus grande, les critiques de l’euro peuvent s’appuyer sur une donnée assez sombre: Depuis la fin des années 90, la zone euro a perdu 22 points de croissance par rapport aux Etats-Unis.
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