Etats-Unis : le débat sur la peine de mort est relancé
L'agonie de Clayton Lockett soulève "des questions essentielles quant à la façon dont la peine de mort est appliquée " a reconnu vendredi le président américain Barack Obama, jugeant la situation "profondément dérangeante ". "Même quand la peine de mort est justifiée, elle doit être appliquée avec humanité ", avait aussi déclaré le porte-parole du président mercredi.
Car depuis mardi soir, et l'exécution d'un condamné dans l'Oklahoma qui avait viré au fiasco, le débat sur la peine de mort est relancé. Après une injection qui s'est révélée défectueuse, l'homme a agonisé pendant 43 minutes. Il est finalement mort d'une crise cardiaque alors que le directeur des prisons venait d'ordonner l'arrêt de l'exécution, invoquant un "échec de l'intraveineuse".
Ce même directeur des prisons, Robert Patton, a d'ailleurs demandé depuis un "arrêt définitif des exécutions ", estimant que la redéfinition de nouvelles procédures prendra "plusieurs jours et sûrement semaines " et exigera "une formation poussée " des personnels.
"Traitement cruel, inhumain" selon l'ONU
Vendredi le Haut-commissariat de l'ONU aux droits de l'Homme a dénoncé la cruauté de cette exécution. "La souffrance de Clayton Lockett durant son exécution (...) pourrait constituer un traitement cruel, inhumain et dégradant selon la législation internationale en matière de droits de l'Homme ", a déclaré un porte-parole du Haut-Commissariat, Rupert Colville.
"Elle va aussi à l'encontre du 8ème amendement de la Constitution des Etats-Unis ", qui interdit les peines cruelles ou inhabituelles, a-t-il ajouté. Le Haut-commissariat a aussi déploré qu'il s'agisse du "deuxième cas de souffrance extrême apparente causée par le dysfonctionnement du système d'injections létales en 2014 aux Etats-Unis ", puisqu'une histoire similaire s'était déroulée en janvier dans l'Ohio.
Demande d'un moratoire sur la peine de mort
Le Haut-commissariat demande ainsi "un moratoire immédiat sur la peine de mort [...] en faveur de l'abolition de cette pratique cruelle et inhumaine ", a souligné Rupert Colville.
De la même manière, la France par la voix de son ministère des Affaires étrangères, ainsi que de nombreuses organisations de défense des droits de l'Homme demandent un moratoire "en vue de l'abolition de ce châtiment ".
Mais si pour certains la cruauté de cette exécution pousse à réfléchir à l'abolition de la peine de mort, d'autres n'y voient que la preuve qu'il faut changer de technique et ne plus recourir à l'injection létale. Le Tennessee a déjà approuvé le retour à la chaise électrique, la Géorgie, la Virginie, l'envisagent, tandis que le Missouri et le Wyoming parlent de renouer avec le peloton d'exécution, mais "ils n'en sont qu'au stade de la discussion".
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