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Etats-Unis : le débat sur la peine de mort est relancé

Vendredi l'ONU a dénoncé la "cruauté" de l'exécution d'un condamné en Oklahoma, qui avait tourné au supplice car l'injection létale n'avait pas fonctionné. L'ONU demande un moratoire sur la peine de mort, tout comme la France ou de nombreuses organisations des droits de l'Homme. Barack Obama a lui qualifié vendredi cette exécution de "profondément dérangeante".
Article rédigé par Clara Beaudoux
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
  (Jenevieve Robbins Reuters)

L'agonie de Clayton Lockett soulève "des questions essentielles quant à la façon dont la peine de mort est  appliquée " a reconnu vendredi le président américain Barack Obama, jugeant la situation "profondément dérangeante ". "Même quand la peine  de mort est justifiée, elle doit être appliquée avec humanité ", avait aussi déclaré le porte-parole du président mercredi.

Car depuis mardi soir, et l'exécution d'un condamné dans l'Oklahoma qui avait viré au fiasco, le débat sur la peine de mort est relancé. Après une injection qui s'est révélée défectueuse, l'homme a agonisé pendant 43 minutes. Il est finalement mort d'une crise cardiaque alors que le directeur des prisons venait d'ordonner l'arrêt de l'exécution, invoquant un "échec de l'intraveineuse".

Ce même directeur des prisons, Robert Patton, a d'ailleurs demandé depuis un "arrêt définitif des exécutions ", estimant que la redéfinition de nouvelles procédures prendra "plusieurs jours et sûrement semaines " et exigera "une formation poussée " des personnels. 

"Traitement cruel, inhumain" selon l'ONU

Vendredi le Haut-commissariat de l'ONU aux droits de l'Homme a dénoncé la cruauté de cette exécution. "La souffrance de Clayton Lockett durant son exécution (...) pourrait  constituer un traitement cruel, inhumain et dégradant selon la législation  internationale en matière de droits de l'Homme ", a déclaré un porte-parole du Haut-Commissariat, Rupert Colville. 

"Elle va aussi à l'encontre du 8ème amendement de la Constitution des  Etats-Unis ", qui interdit les peines cruelles ou inhabituelles, a-t-il ajouté. Le Haut-commissariat a aussi déploré qu'il s'agisse du "deuxième  cas de souffrance extrême apparente causée par le dysfonctionnement du  système d'injections létales en 2014 aux Etats-Unis ", puisqu'une histoire similaire s'était déroulée en janvier dans l'Ohio.

Demande d'un moratoire sur la peine de mort

Le Haut-commissariat demande ainsi "un moratoire immédiat sur la peine de mort [...] en faveur de l'abolition de  cette pratique cruelle et inhumaine ", a souligné Rupert Colville.

De la même manière, la France par la voix de son ministère des Affaires étrangères, ainsi que de nombreuses organisations de défense des droits de l'Homme demandent un moratoire "en vue de l'abolition de ce châtiment ".

Mais si pour certains la cruauté de cette exécution pousse à réfléchir à l'abolition de la peine de mort, d'autres n'y voient que la preuve qu'il faut changer de technique et ne plus recourir à l'injection létale. Le Tennessee a déjà approuvé le retour à la chaise électrique, la Géorgie, la Virginie, l'envisagent, tandis que le Missouri et le Wyoming parlent de renouer avec le peloton d'exécution, mais "ils n'en sont qu'au stade de la discussion".

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