Espionnage : Paris et Berlin veulent trouver un terrain d'entente avec Washington
Depuis Bruxelles, Français et Allemands ont lancé l'idée de créer un groupe ouvert aux autres membres de l'UE pour trouver des règles communes sur le renseignement avec les Etats-Unis.
Face à l'ampleur des révélations sur l'espionnage américain, l'Europe a voulu se montrer unie, jeudi 24 octobre à Bruxelles. La France et l'Allemagne ont ainsi lancé une initiative commune, soutenue par les autres membres du Conseil européen, pour tenter de trouver avec les Etats-Unis un terrain d'entente d'ici la fin de l'année sur les questions de renseignement.
"Il y a un coup d'arrêt à porter et des clarifications à exiger", a affirmé François Hollande, lors d'une conférence de presse après le premier jour d'un sommet européen. "C'est ce qu'ont fait les Européens ce soir, et de manière unanime, en considérant qu'il y avait avec notre allié américain un certain nombre d'explications [à demander]", a ajouté le président français, car "nous savons qu'il y aura d'autres révélations".
Pas d'opposition britannique
L'initiative franco-allemande a été présentée à l'ouverture du sommet, "avec l'objectif de trouver avant la fin de l'année un accord sur les relations mutuelles" entre Européens et Américains sur les questions de renseignement, a indiqué le président du Conseil européen, Herman Van Rompuy. L'idée est de créer un groupe ouvert aux autres Etats membres pour trouver des règles communes sur le renseignement avec Washington. "Nous sommes tous d'accord sur le texte, tous les 28", a-t-il précisé, alors que des informations avaient fait état de réticences des Britanniques, traditionnels alliés des Etats-Unis et qui ont eux-mêmes été accusés d'espionner d'autres pays européens, notamment l'Italie. Le Premier ministre britannique, David Cameron, a eu "une attitude positive", a estimé son homologue italien, Enrico Letta.
Le scandale de l'espionnage américain ne cesse de prendre de l'ampleur. La dernière révélation en date a été faite par le Guardian, qui a affirmé jeudi soir que l'agence nationale de sécurité américaine (NSA), déjà impliquée dans des écoutes en France, au Brésil et au Mexique, avait mis sur écoute 35 dirigeants de la planète. Mercredi, Berlin a créé la stupeur en annonçant que le téléphone portable de la chancelière allemande, Angela Merkel, pourrait être écouté par les services américains. "L'espionnage entre amis, ça ne va pas du tout", avait averti la dirigeante à son arrivée à Bruxelles.
Les révélations de Snowden sont "utiles"
Les Européens n'avaient jusqu'à présent affiché aucune unité face au scandale provoqué par les révélations d'Edward Snowden sur le vaste système de surveillance cybernétique américain. Et pour cause : non seulement les questions de renseignement relèvent des compétences nationales, mais l'espionnage se pratique aussi entre pays de l'UE.
A ce propos, François Hollande a estimé que les révélations de Snowden pourraient finalement s'avérer "utiles", conduisant à "plus d'efficacité" des services de renseignement et davantage de protection de la vie privée des citoyens. De son côté, Angela Merkel s'est refusée à envisager une éventuelle suspension des négociations de libre-échange entre les deux blocs, comme l'avait réclamé le président du Parti social-démocrate allemand, Sigmar Gabriel. Cela n'a pas été abordé par les dirigeants, a fait savoir la chancelière, mettant en garde contre un risque de rupture des discussions commerciales avec Washington.
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