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Elections en Catalogne : à Barcelone, la division entre les deux camps à tous les étages

Les Catalans élisent jeudi leur nouveau Parlement, deux mois après la crise ayant opposé Madrid à Barcelone. Le nouvel épisode électoral montre que la vie quotidienne reste imprégnée par la division entre unionistes et indépendantistes. 

Article rédigé par Grégoire Lecalot
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Les opinions des habitants, unionistes ou indépendantistes, s'affichent sur un immeuble du quartier d’Ildefons Cerda, à Barcelone (CLEMENCE BONFILS / RADIO FRANCE)

En périphérie de Barcelone, dans le quartier autour du métro Ildefons Cerda, les barres d'immeubles de ce petit secteur familial et populaire ont pris les couleurs de la division de la Catalogne. Depuis des semaines, aux balcons, drapeaux autonomistes catalans et banderas espagnoles se font concurrence. Jeudi 21 décembre, les Catalans vont voter pour décider si les indépendantistes doivent rester au pouvoir, deux mois après une crise politique sans précédent qui a a provoqué de véritables fractures dans la société

>> Direct. Elections régionales en Catalogne : les bureaux de vote ont ouvert 

Dans le quartier Ildefons Cerda, les opinions s'exposent sous le regard tolérant de Maria Teresa, qui parle avec chaque voisin d'escalier depuis des années. La politique, dit-elle, n'a pas changé son comportement.

Je connais chaque balcon. Si l'un affiche un drapeau indépendantiste, je peux imaginer ce qu'il pense. Moi, je ne serai jamais ni pour contre. C'est leur façon de penser et je dois la respecter.

Maria Teresa, une habitante d’Ildefons Cerda

à franceinfo

Une mère famille, Janina, réagit bien plus vivement à l'ambiance politique en faisant remarquer que sa fille, à l'école du quartier, a une heure de cours d'espagnol contre quatre heures de catalan. Elle pense que les fractures dans le quartier sont réelles et récentes, à cause de la politique. Janina donne l'exemple des réunions, sur le mode "copains d'avant", où son mari va tous les ans pour retrouver ses amis d'école. Les retrouvailles, il y a une semaine, ont été houleuses. "Ceux qui nient que des groupes se sont créés dans la société mentent", affirme-t-elle.   

Ils ont commencé à parler du sujet et se sont mis en colère. La majorité est séparatiste, la minorité unioniste. Ils se voient depuis 21 ans et ils ont toujours pu en parler, maintenant c'est impossible.

Janina, mère de famille

à franceinfo

Un voisin, Carlos, regrette aussi de ne pas pouvoir discuter politique sans que le ton monte. Il se plaint de subir une pression en tant qu’unioniste. "Je me sens espagnol, j'ai mon drapeau et ils me disent que je suis fasciste à cause de ça." Indépendantiste convaincu, Arturo, qui tient un bar dans le quartier, ne s’étonne pas de ces mots. "Quand nous nous manifestons, tout se passe bien, mais quand eux font une manif, c'est toujours la même chose à la fin. Des symboles franquistes, nazis, de la violence... On est trop différents."

Le commerçant ne vise pas ses voisins unionistes, mais il donne une explication à leur amertume. "Ils ont endossé le rôle de la minorité silencieuse. C'est ce qu'ils disent et d'une certaine façon, ils se sentent blessés maltraités dans les médias et publiquement", dit-il. 

Dans ce quartier, unionistes et indépendantistes sont appelés à se retrouver : dans les files d'attente des bureaux de votes. 

Elections en Catalogne. La vie quotidienne à Barcelone imprégnée par les divisions - un reportage de Grégoire Lecalot

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