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"Ce que l’on ne sait pas, c’est jusqu’où on peut aller" : accueil mitigé pour la hausse du smic en Espagne

Alors que le gouvernement espagnol a annoncé une augmentation du smic de 22% en 2019, pour le porter à 900 euros au lieu de 736 actuellement, les réactions sont mitigées.

Article rédigé par Mathieu de Taillac, franceinfo
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Pedro Sanchez, le chef du gouvernement a annoncé qu’il approuverait par décret une hausse de 2,25 % du salaire des fonctionnaires dès 2019. (JOHN THYS / AFP)

Après l’annonce de la hausse de 22% du smic en Espagne en 2019, soit la plus forte de l’histoire du pays, le débat a été immédiat. D’autant que gouvernement envisage de le passer ensuite de 900 euros par mois à 1 000 euros en 2020, C’est le patronat qui le premier a réagi. Cette hausse du salaire minimum va peser sur l’emploi, ont averti les chefs d’entreprise.

Un surcoût d'1,5 milliard d'euros

"La hausse du salaire, plus la hausse des cotisations représentent un surcoût direct que nous évaluons à 1,5 milliard d’euros, déplore ainsi Jordi García Viña, le directeur du département Travail de la CEOE, la principale organisation patronale. Cela va avoir un impact sur la création d’emplois : par exemple, je voulais embaucher, mais comme c’est plus cher, je renonce à embaucher." Et un impact sur la réduction des contrats de travail, selon lui : "Si j’ai une masse salariale qui augmente et que je me retrouve dans l’incapacité de payer, alors je dois mettre fin à un contrat de travail."

Une vision à laquelle ne veulent pas croire ceux qui sont payés au smic, ou un peu plus. Gabriel, 23 ans, est au chômage après avoir travaillé dans une maison de retraite. Il estime, lui, que les Espagnols ne sont pas assez exigeants, surtout en comparaison avec les "gilets jaunes". “En France, j’ai vu que quand votre président a cédé sur l’impôt sur le diesel, vous avez continué à vous battre, explique-t-il. Ici on nous donne une petite mesure et on dit : 'Ah, très bien, on rentre chez nous'Ce qui est insupportable, c’est qu’il y a des gens qui sont assis à un bureau et qui gagnent 2 000 ou 3 000 euros, et moi, quand je me cassais le dos à transporter des personnes âgées dans une maison de retraite, je gagnais moins de 1 000 et je faisais plus d’heures qu’eux.” 

Après la crise, l'espoir d'un renvoi d'ascenseur

Au-delà du smic, les salariés ont supporté de grands efforts pendant la crise. Et certains pensent qu’il est temps de renvoyer l’ascenseur. "C’est l’un des pays d’Europe qui depuis 2013 ou 2014 est en train de croître aux taux les plus élevés, indique Florentino Fegueroso, économiste au think tank Fedea. Certainement, cet effort a eu un impact positif sur la croissance. Et c’est sûr qu’il y a une marge pour la croissance des salaires et pour le salaire minimum, évidemment. Ce que l’on ne sait pas, c’est jusqu’où on peut aller." L’Espagne expérimente en grandeur nature. À quelques mois, hasard ou coïncidence, de nombreux rendez-vous électoraux.

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