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Attentats en Catalogne : "L'Espagne plonge dans les pires heures de son histoire par rapport au terrorisme"

Au moins treize personnes ont été tuées dans un attentat jeudi soir à Barcelone. "Depuis l'attentat du 11 mars 2004, l'Espagne n'avait pas été touchée par le terrorisme jihadiste", a rappelé Benoit Pellistrandi, historien spécialiste de l'Espagne.

Article rédigé par franceinfo
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Une ambulance stationne sur les Ramblas pour prendre en charge les victimes. (RADIO FRANCE / BENJAMIN ILLY)

Au moins 13 personnes ont été tuées dans un attentat jeudi soir à Barcelone. Plus de cent autres ont été blessées. Un bilan lourd. "Depuis l'attentat du 11 mars 2004, l'Espagne n'avait pas été touchée par le terrorisme jihadiste", a rappelé Benoit Pellistrandi, historien spécialiste de l'Espagne, vendredi 18 août sur franceinfo.

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franceinfo : La terrible attaque terroriste de mars 2004 à Madrid est-elle dans tous les esprits ce vendredi matin ?

Benoit Pellistrandi : Oui, c'est dans tous les esprits parce que c'est un attentat qui a littéralement sidéré l'opinion publique espagnole. C'est un traumatisme : 192 morts. C'était le 11 mars et c'était à trois jours des élections générales qui se sont tenues le 14 mars. Les Espagnols ont avec la démocratie une histoire complexe si bien que les élections sont toujours une grande fête. Le 14 mars 2004 au contraire a été vécu dans une ambiance de deuil qui les a rendues particulièrement dramatiques. Depuis les attentats du 11 mars 2004, l'Espagne n'avait pas été touchée par le terrorisme jihadiste. Elle savait qu'elle était l'une des cibles, la police espagnole a mené un nombre considérable d'opérations mais il est clair que cette façon de toucher au cœur, dans les symboles, avec Barcelone, la capitale méditerranéenne du tourisme, plonge l'Espagne dans les pires heures de son histoire par rapport au terrorisme.

Une singularité espagnole est que le terrorisme existait à l'intérieur, notamment avec l'ETA, et que le terrorisme venu de l'extérieur est arrivé en 2004 ?

La démocratie espagnole est celle qui a été le plus frappée par le terrorisme dans l'histoire récente de l'Europe occidentale. Entre 1976 et 2010, l'ETA fait presque 900 morts avec des attentats qui ont parfois frappé Barcelone, il y avait eu 21 morts dans un centre commercial en 1987, cela avait été un grand traumatisme. Mais les attentats de l'ETA en général ne visaient pas de manière aveugle le public ou les touristes. Il s'agissait d'attentats ciblés contre des personnalités, des militaires, des policiers, des juges, des journalistes. L'attentat du 11 mars 2004 à Madrid était une nouveauté. L'assassinat absolument indiscriminé et celui qu'on a vu hier [jeudi 17 août] et qui aurait dû être prolongé dans la nuit par l'attentat à Cambrils et qui finalement a été déjoué, montre qu'il y avait une opération de grande ampleur qui visait à faire un maximum de morts pour faire le maximum de mal.

Comment l'Espagne a pris en main cette question du terrorisme ?

Les précédents ont créé une culture de l'alliance politique et du pacte politique contre le terrorisme en Espagne. D'ailleurs, le président du gouvernement espagnol, Mariano Rajoy, a annoncé à Barcelone qu'il allait réunir l'ensemble des partis politiques qui avaient signé un pacte contre le terrorisme, un pacte qui avait été renouvelé en mars 2015, entre le parti populaire au pouvoir et le parti socialiste dans l'opposition, les autres partis s'y étaient associés, à l'exception notable de Podémos. Mais Podémos a réagi hier [jeudi 17 août] en demandant à participer en tant qu'observateur aux réunions ce pacte anti-terrorisme. Donc, il y a une grande culture démocratique et l'Espagne est très attentive aussi à être le plus dans l'Etat de droit pour la lutte contre le terrorisme.

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