Cet article date de plus de treize ans.

Tepco a commencé lundi à rejeter dans la mer 11.500 tonnes d'eau radioactive accumulée dans les installations

Avant le début des opérations de déversement, un porte-parole de Tokyo Electric Power (Tepco), ému aux larmes, s'est excusé à la TV pour cette pollution.Le porte-parole de Tepco a précisé que "quelque 10.000 tonnes d'eau stockées dans des cuves et 1.500 tonnes actuellement dans les réacteurs 5 et 6 vont être déversées dans l'océan (Pacifique)".
Article rédigé par France2.fr avec agences
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 4 min
Les réacteurs n° 2 et 3 de la centrale nucléaire de Fukushima le 31 mars 2011 (AFP - HO - MARITIME SELF DEFENSE FORCE)

Avant le début des opérations de déversement, un porte-parole de Tokyo Electric Power (Tepco), ému aux larmes, s'est excusé à la TV pour cette pollution.

Le porte-parole de Tepco a précisé que "quelque 10.000 tonnes d'eau stockées dans des cuves et 1.500 tonnes actuellement dans les réacteurs 5 et 6 vont être déversées dans l'océan (Pacifique)".

Cette opération doit permettre aux ouvriers de réparer les circuits de refroidissement des réacteurs et éviter une catastrophe pire que Tchernobyl.

Le gouvernement japonais a laissé entendre que le désastre survenu le 11 mars dans le nord-est et l'accident de Fukushima pourraient avoir un impact sur sa politique climatique et la réduction des gaz à effet de serre.

Deux tentatives de colmatage de la fuite d'eau radioactive à l'aide de ciment, puis d'un mélange de polymères, de papier journal et de sciure, ont échoué ce week-end.

L'eau qui doit être déversée dans la mer est environ 100 fois plus radioactive que les seuils autorisés, a précisé Tokyo Electric Power (Tepco). Yukio Edano, le secrétaire général du gouvernement nippon, a assuré qu'il n'y avait pas de solution alternative à cette décision.

L'organisation écologiste Greenpeace a étendu lundi ses relevés de radioactivité autour de la centrale nucléaire, jugeant "contradictoire" la communication du gouvernement sur les risques encourus par la population. Greenpeace doit désormais effectuer des analyses sur des échantillons de légumes et de lait, en plus des relevés de surface effectués ces dernières semaines, a-t-elle indiqué dans un communiqué.

Un conseiller du Premier ministre japonais Naoto Kan a reconnu qu'il faudrait plusieurs mois pour arrêter les émanations radioactives produites par 4 des 6 réacteurs de Fukushima Daiichi.

L'opérateur de la centrale, Tokyo Electric Power (Tepco), a annoncé dimanche le décès de deux de ses employés portés disparus depuis le séisme et le tsunami. Juste après le séisme, ils étaient partis inspecter le bâtiment de la turbine du réacteur n°4 de la centrale de Fukushima. Ils sont morts de multiples blessures, a rapporté Tepco.

Dans cette région du nord-est du Japon dévastée par un séisme et un tsunami géants, 25.000 soldats japonais et américains continuaient à ratisser le littoral et sillonner la côte à la recherche de victimes. Les recherches en mer n'ont permis, pour l'instant, que de récupérer 167 corps. Trois semaines après la tragédie, le bilan toujours provisoire de la police s'établit à 12.157 morts confirmés et 15.496 disparus, dont les corps ont très probablement été emportés au large par le raz-de-marée.

Quid de la radioactivité ?
La centrale de Fukushima, située au bord de l'océan Pacifique à quelque 250 km au nord de la mégapole de Tokyo et de ses 35 millions d'habitants, était conçue pour résister à un tsunami de 6 mètres, mais pas à une vague géante de 14 mètres. Le 11 mars, ses six réacteurs se sont mis automatiquement à l'arrêt, comme prévu, dès la première secousse du tremblement de terre de magnitude 9. Mais le tsunami qui a suivi quelques minutes plus tard a noyé les circuits électriques et les pompes de refroidissement du combustible nucléaire.

Quatre réacteurs ont alors commencé à chauffer dangereusement, provoquant des explosions et des dégagements de fumée radioactives. Des centaines d'ouvriers de la société Tokyo Electric Power, propriétaire de la centrale, ont réussi, au péril de leur vie, à maîtriser le processus infernal, en arrosant les installations jour et nuit, d'abord à la lance à incendie, puis en installant des pompes de secours.

Cet accident, le plus grave depuis la catastrophe nucléaire de Tchernobyl en 1986, "va être une longue bataille", a reconnu Goshi Hosono, conseiller du Premier ministre Naoto Kan, lors d'une interview dimanche à la télévision Fuji TV. Il a notamment souligné qu'il faudrait "probablement plusieurs mois avant de stopper les fuites radioactives". "Le plus grand défi concerne les quelque 10.000 barres de combustible usé dont le retraitement prendra très longtemps", a-t-il ajouté.

L'objectif des employés de Tepco est de rétablir l'alimentation électrique pour faire fonctionner les circuits de refroidissement des quatre réacteurs endommagés. Les réacteurs 5 et 6 ont eux été épargnés par la catastrophe.

Mais les progrès sont lents, car d'énormes quantités d'eau utilisées pour le "lessivage" des barres de combustible ont inondé les salles des turbines et les galeries souterraines, empêchant toute intervention humaine. Le défi principal pour Tepco est d'évacuer ces nappes hautement radioactives, dont une partie a réussi à s'échapper dans l'océan tout proche, à travers la brèche de 20 cm découverte dans une fosse reliée au réacteur 2.

Des analyses d'échantillons d'eau de mer, pratiquées le 30 mars à 40 km au sud de la centrale, ont révélé un taux d'iode radioactif 131 de 79,4 becquerels par litre, alors que la limite légale est de 40 becquerels par litre. L'Agence de sûreté nucléaire a toutefois affirmé que cette substance radioactive se diluait dans l'océan et que cette pollution n'était pas dangereuse pour la santé.

Une plateforme flottante en acier de 136 mètres de long et 46 mètres de large devrait arriver dans les prochains jours en face de Fukushima Daiichi. Ses réservoirs, d'une capacité de 10.000 tonnes, pourraient servir à évacuer l'eau contaminée de la centrale.

La situation dans la centrale de Fukuhima "reste très grave", a estimé vendredi l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA).

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.