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Rome : le Palais Farnèse veut devenir une Ambassade Verte

C'est l'histoire d'un Palais italien du XVIe siècle qui voudrait devenir Ambassade Verte. Pas facile de trouver des solutions plus écologiques tout en respectant l'architecture et les spécificités de ce bâtiment ancien. Sans compter que ces changements ont un coût. Pas assez pour décourager l’ambassadrice du Palais, Catherine Colonna. Zoom sur cette initiative symbolique et ambitieuse.
Article rédigé par Anaïs Feuga
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
  (Le Palais Farnèse, Ambassade de France en Italie © MaxPPP)

C'est l'un des plus beaux palais romains : fresques somptueuses, plafonds en caisson en bois sculpté, le Palais Farnèse a vu passer quantité de rois, cardinaux, artistes… Aujourd'hui, il abrite le siège de l’Ambassade de France et de l’Ecole française de Rome.  Un joyau choyé par les autorités italiennes et où la moindre intervention est un casse-tête. Mais l'ambassadrice, Catherine Colonna, défend son projet d'Ambassade Verte.

 

"C'est un palais du XVIe siècle, mais il n'est pas impossible de faire des choses. Un exemple : si l'on pouvait remplacer toutes les lampes qu'il y a dans le Palais par des lampes Led, on aurait déjà travaillé pour la planète… Les cuisines sont sans doute l'un des points sur lequel on travaillera pour consommer plus local en faisant venir moins de choses de plus loin et plus de choses du Latium, qui a d'excellents produits ".

 

Le projet d'Ambassade Verte passe aussi par le personnel. Pascale Zaffina est responsable du projet dans son service. Dans les bureaux, 120 bacs pour le tri sélectif ont été installés en octobre.

 

"Ici, vous voyez il y a deux photocopieuses, on produit beaucoup de documents papier donc ils ont pensé à utiliser des Ecobox, trois en général : plastique, papier et indifférencié ".

 

Il s'agit là de petites actions mais le vrai projet consiste à faire tout d'abord un bilan énergétique avec Edison et un bilan carbone avec l'ADEME. D'ici neuf mois on devrait donc savoir ce qui consomme et proposer des solutions. Pas évident dans ce palais du XVIe siècle, avoue Dominique Campana, directrice de l'action internationale de l'ADEME.

 

"C'est plus difficile évidemment. Quand on construit du neuf en France, on peut atteindre les performances, aujourd'hui la réglementation fait qu'en 2020 on espère que tous les bâtiments seront à énergie positive. Le gros sujet, c'est la réhabilitation de l'ancien, surtout dans ce cas, on ne va pas toucher l'architecture du bâtiment. Mais on a déjà fait un travail similaire avec l'ambassade de Copenhague et on s'est aperçu qu'on pouvait avoir des économies d'énergie conséquentes, ne serait-ce qu'en remplaçant les lampes,  en ayant un système de gestion automatique de l'éclairage, en voyant comment réduire la climatisation. On peut donc avoir des améliorations ".

Un coût rentable grâce aux économies d'énergie

 

Mais s'il faut changer les 2.000 ampoules du Palais Farnèse ou revoir le chauffage des 2.000 m² de bureaux, cela aura un coût non encore évalué. Mais grâce aux économies d'énergie, c'est rentable, estime Nicolas Hulot, qui veut sensibiliser les gouvernements avant la conférence sur le climat à Paris dans un an.

 

"C'est vraiment un moment de vérité pour l'humanité. Il s'agit de savoir si on reste dans les intentions ou si on rentre dans l'action ; si on décide de jeter en pâture des millions de personnes à l'imprévisible ou si on décide au contraire de mutualiser nos intelligences, nos outils économiques et technologiques. On a un an, c'est très court, il faut faire de chaque occasion un moment de travail, de proposition et d'innovation. La part de responsabilité de la diplomatie est très importante, pour faire en sorte que les 195 pays, avant Paris, mettent sur la table leurs propres engagements, les plus ambitieux possible ".

Sensibiliser les Italiens à la cause environnementale, un enjeu majeur

Ce genre d'action symbolique peut aussi aider à la prise de conscience des Italiens, qui se sentent encore trop peu concernés selon Lucas Mercalli, climatologue et président de la société météorologique italienne. Et pourtant, l'Italie est particulièrement vulnérable.

 

"L'Italie est un des pays les plus exposés au changement climatique, en tant que pays charnière sur la Méditerranée. Parce que la transition entre le climat africain et le climat tempéré européen s'opère en Méditerranée. Il suffit d'un très léger déplacement des zones climatiques pour entraîner presque toute l'Italie et également le sud de la France dans un climat plus semblable à celui de l'Afrique du Nord que de l'Europe ".

 

En un siècle, la surface des glaciers italiens a été divisée par deux. En Italie, 70% des familles utilisent le méthane pour se chauffer. L'année dernière, les Italiens ont dépensé en tout 42 milliards d'euros en énergie.

 

 

Ambassade Verte à Rome, un reportage d'Anaïs Feuga
 

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