Cet article date de plus de neuf ans.

Que sait-on de "Xylella fastidiosa", la bactérie "tueuse d'oliviers" ?

La bactérie, dont la présence a été détectée en Corse le 20 juillet, ravage depuis 2013 le sud de l'Italie.

Article rédigé par Ariane Nicolas
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Des oliviers infectés par la bactérie "Xylella fastidiosa" à Brindisi (Italie) sont en attente d'être abattus, le 24 mars 2015. (MAX FRIGIONE / AP / SIPA)

La bactérie Xylella fastidiosa, dite "tueuse d'oliviers", est désormais sur le sol français. Des défenseurs de l'environnement, agriculteurs et élus se sont rassemblés, jeudi 23 juillet, devant la préfecture de Corse à Ajaccio pour réclamer des mesures drastiques à l'Etat après la découverte d'une infection le 20 juillet sur une haie décorative à Propriano. 

Que sait-on de Xylella fastidiosa, et quels risques fait-elle courir à l'environnement ? Eléments de réponse.

Depuis quand la bactérie sévit-elle en Europe ?

La "tueuse d'oliviers" est identifiée pour la première fois en 2013, sur des oliviers des Pouilles (sud de l'Italie), une des premières régions productrices d'huile d'olive au monde, riche en vignes et en fruits. Son mode de transmission : un plant de caféier ornemental arrivé du Costa Rica dans le port de Rotterdam, selon les travaux de l'Institut agronomique méditerranéen, basé à Bari (Italie). La bactérie Xylella fastidiosa touche essentiellement la région de Lecce, dans le talon de l'Italie. Environ 10% des oliviers de cette région sont touchés.

Quel danger fait-elle peser sur la végétation ?

Xylella fastidiosa est transmise et dispersée par des insectes. Elle s'attaque à près de 200 espèces végétales (vigne, agrumes, prunus, café, avocat, luzerne, laurier-rose, chêne, érable, etc.) et les conduit au dépérissement. Actuellement, il n'existe pas de méthode de lutte directe contre la bactérie. Une fois contaminés, seul l'arrachage total des végétaux permet d'éradiquer la maladie.

Des hommes abattent des oliviers infectés par la bactérie "Xyllela fastidiosa", à Brindisi (Italie), le 13 avril 2015. (AGF EDITORIAL/SIPA)

Pour Thierry Candresse, directeur de l'unité biologie du fruit et pathologie de l'Institut national de la recherche agronomique à Bordeaux (Gironde), "la souche de Xylella provoque des symptômes et des dégâts très graves. Les oliviers français et d'autres espèces seraient sous le coup d'une menace grave si elle arrivait en France."

Problème supplémentaire, certaines plantes hôtes de la bactérie peuvent être asymptomatiques, ce qui accroît le risque d'infection. "A minima, il faudrait interdire l'importation des 300 espèces hôtes connues. Et encore, cette mesure ne serait que partielle puisqu'elle ne prendrait pas en compte les espèces hôtes encore inconnues", estime l'expert.

Quelles dispositions la France déploie-t-elle ?

Au mois de mars, la préfecture de Corse lance un appel à la vigilance contre la "tueuse d'oliviers". Elle précise alors que les services de l'Etat "ont renforcé les mesures de contrôle et de surveillance de cet organisme nuisible réglementé soumis à des mesures de lutte obligatoire". Un numéro vert dédié à Xylella fastidiosa est mis en place : le 0800 873 699.

La France est à ce jour le seul Etat européen à avoir pris des mesures unilatérales de protection, parfois mal ressenties par ses voisins. Depuis le 2 avril, l'introduction d'une centaine de végétaux en provenance "des zones délimitées au sein de l'Union européenne où Xylella fastidiosa est présent" est interdite. Mesure qui vise directement le foyer épidémique des Pouilles.

Bruxelles, pour qui "il n'y a pas pour l'instant de danger immédiat pour les pays limitrophes", prépare cependant des mesures communautaires d'urgence d'ici la fin du mois d'avril. Selon un porte-parole de la Commission, "certaines restrictions à l'égard des plantes vivantes qui viennent de la région des Pouilles pourraient être prises. Une fois qu'elles seront adoptées, la France devra s'y conformer."

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.