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Pesticides tueurs d'abeilles : le ministre de la Transition écologique laisse entendre qu'une nouvelle dérogation va être accordée aux betteraviers

Interdits en 2018, puis réautorisés pour les seules betteraves sucrières en 2020 pour une durée maximum de trois ans, les néonicotinoïdes sont à nouveau au cœur d'une bataille entre le ministère de l'Agriculture et celui de la Transition écologique.
Article rédigé par Thomas Baïetto
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 1 min
Une récolte de betteraves à sucre, le 7 novembre 2019 à Pont-du-Château (Puy-de-Dôme). (THIERRY ZOCCOLAN / AFP)

Les producteurs de betteraves à sucre devraient pouvoir encore utiliser en 2023 des néonicotinoïdes, ces pesticides tueurs d'abeille connus pour leur dangerosité. C'est ce qu'a laissé entendre, jeudi 5 janvier, le ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires Christophe Béchu, en marge d'une réunion sur le bilan de la COP15 biodiversité de Montréal (Québec). "Il est vraisemblable que ce soit la conclusion à laquelle nous arrivions", a reconnu le ministre, interrogé sur le projet de décret soumis à consultation publique, le 3 janvier. 

Christophe Béchu, qui avait publiquement estimé en décembre que cette dérogation serait un "mauvais signal", a insisté sur le fait qu'il s'agissait de la dernière fois. "Quoi qu'il arrive, il ne peut pas y avoir de dérogation au-delà de 2023. La position de la France est claire et donc ça suppose que les alternatives soient trouvées cette année. Parce que le même argument du manque de solutions ne pourra pas valoir à nouveau", a-t-il martelé devant la presse, assurant que cette saga n'était pas "un jour sans fin".

"On a tout ce qu'il faut pour faire différemment"

Fin 2020, le Parlement avait autorisé le retour temporaire de ces insecticides, qui contribuent au déclin massif des colonies d'abeilles et interdits depuis 2018, pour voler au secours de la filière betteravière dont les rendements avaient été drastiquement réduits par la jaunisse. La loi précisait que les dérogations ne pourraient être accordées, jusqu'en juillet 2023, que pour les semences de betterave sucrière.

L'ONG Générations futures s'est immédiatement opposée à ce nouveau projet, estimant que les informations disponibles montraient une pression de la maladie "bien moindre qu'en 2020 et 2021". Sur franceinfo, le chercheur du CNRS Jean-Marc Bonmatin a confié son incompréhension : "On continue à faire des dérogations, alors qu'on a tout ce qu'il faut pour faire différemment." L'accord signé à Montréal prévoit justement une réduction de 50% des risques liés aux pesticides, une mesure poussée par... la France et l'Union européenne.

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