: Info franceinfo Pesticides tueurs d'abeilles : vers la prolongation pour une troisième année de leur usage pour la culture des betteraves
Un projet de décret a été soumis mardi 3 janvier à consultation par le ministère de l'Agriculture pour autoriser l’usage de néonicotinoïdes pour la troisième année consécutive, pour les cultures de betteraves sucrières, a appris franceinfo. Le gouvernement souhaite ainsi répondre à la crise de production dans le secteur. Il y deux ans les plants ont été attaqués par des pucerons verts, vecteurs de jaunisse. Un tiers de la récolte avait été endommagée.
Les néonicotinoïdes sont pourtant jugés responsables de la mort des abeilles. Ils avaient été bannis en 2018. Mais le gouvernement avait décidé de revenir en arrière et avait fait adopter par le Parlement une dérogation pour réintroduire provisoirement l'insecticide pour trois ans, en fonction du climat et du risque viral. Le projet d'arrêté restreint l'utilisation des néonicotinoïdes à la betterave sucrière pour une durée de quatre mois. Il définit un garde-fou pour les cultures qui pourront être replantées sur les parcelles après la récolte. La consultation dure jusqu’au 24 janvier.
Rien ne justifie une dérogation, selon Générations futures
Mais elle arrive un peu vite, estime Francois Veillerrette, le directeur de l’association Générations futures, opposé aux néonicotinoïdes : "On a l’impression que le gouvernement veut à tout prix accorder une dérogation pour l’usage de néonicotinoïdes pour les betteraves encore cette année alors même qu’on n’a pas tous les éléments qui nous permettent de juger. On a même des éléments qui nous rassurent plutôt et qui plaident contre la dérogation", avance-t-il. Sur son site internet, l’association explique que la pression virale de la jaunisse de la betterave est bien moindre que les années précédentes. "Aucune plante n’est positive aux virus à date du début décembre. Seules six plantes ont un statut ‘douteux’. Or, pour qu’un risque puisse être prévu, il faudrait pouvoir arguer à la fois d’un réservoir viral important et de l’apparition précoce de pucerons servant de vecteur au virus", écrit-elle. Rien ne justifie donc à ses yeux la dérogation proposée.
Vingt millions d’euros ont été dégagés pour trouver des alternatives. L'Institut national de recherche pour l'agriculture, l'alimentation et l'environnement (Inrae) est chargé d’un plan qui doit permettre de sortir à nouveau des néonicotinoïdes.
Dans une vidéo diffusée lors l'Assemblée générale de la Confédération générale des planteurs de betteraves (CGB) jeudi 8 décembre 2022, le ministre de l'Agriculture Marc Fesneau a déclaré qu'en attendant des alternatives à ces insecticides, la "première étape" consistait à "prolonger la dérogation" pour les semis de l'année 2023 : "Je l'espère et je pense qu'elle sera utile, pour pouvoir déroger et lutter efficacement contre la jaunisse en attente de solutions alternatives." Le président du syndicat des planteurs de betteraves, Franck Sander, a aussi plaidé pour une nouvelle dérogation, qui devra faire l'objet d'un avis favorable du Conseil de surveillance des néonicotinoïdes avant signature d'un arrêté par le gouvernement au mois de février.
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