L'utilisation des néonicotinoïdes autorisée pendant quatre mois pour les cultures de betterave sucrière
Le gouvernement avait interdit l'utilisation de ces pesticides "tueurs d'abeilles" en 2018, avant de l'autoriser de nouveau pour soutenir la filière sucrière, en proie à l'invasion d'un puceron vert dans les plantations de betteraves.
Un retour temporaire des néonicotinoïdes, malgré leurs effets délétères sur la biodiversité. Une autorisation de mise sur le marché et d'utilisation de semences de betteraves à sucre enrobées de ces insecticides "tueurs d'abeilles" a été délivrée par le gouvernement dans un arrêté paru au Journal officiel (JO), samedi 6 février. Elle sera valable 120 jours, à partir de dimanche.
Le texte prévoit des conditions d'emploi strictes, pour protéger insectes pollinisateurs, oiseaux et mammifères sauvages, eau et environnement. Sur les parcelles concernées par une culture de betteraves traitées cette année, les cultivateurs pourront planter de l'oignon, du blé ou de l'avoine à partir de la campagne 2022, mais ils devront attendre 2023 pour la pomme de terre et 2024 pour le colza ou le tournesol, par exemple.
Dans un communiqué, la Confédération générale des producteurs de betterave s'est "réjouie" de cette réautorisation, mais "déplore les fortes restrictions imposées sur les cultures suivantes", qui auront selon elle un impact sur "les bonnes pratiques agronomiques".
Une interdiction en 2018, puis une dérogation en 2020
Le 10 décembre, le Conseil constitutionnel a donné son feu vert à une loi qui stipule que "jusqu'au 1er juillet 2023, des arrêtés conjoints des ministres chargés de l'Agriculture et de l'Environnement [...] peuvent autoriser l'emploi de semences traitées" avec des produits contenant des néonicotinoïdes, "dont l'utilisation est interdite en application du droit de l'Union européenne ou du Code rural et de la pêche maritime".
Le gouvernement avait interdit l'utilisation de cinq molécules faisant partie des insecticides néonicotinoïdes en 2018, évoquant alors "des effets particulièrement nocifs sur l’environnement (notamment sur les pollinisateurs)". Un engagement de campagne d'Emmanuel Macron, sur lequel le gouvernement est revenu en 2020, face à une filière sucrière en crise. Il autorise de nouveau l'utilisation de ces pesticides en 2021, pour soutenir des producteurs faisant face à l'invasion de pucerons verts dans leurs plantations. Ces insectes sont en effet vecteurs de la jaunisse, qui s'attaque aux betteraves.
Après l'invasion de ce puceron vert, la récolte de betteraves à sucre a chuté de 30% en France l'an dernier par rapport à celle de la moyenne des cinq dernières années, tombant au plus bas depuis plus de trente ans. Des traitements insecticides foliaires n'ont pas permis de résorber cette invasion en l'absence de semences enrobées.
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