Le glyphosate, "moins cancérogène que la charcuterie" ? Le rapport d'information moins tranché que l'avis de l'un de ses coauteurs
Le sénateur Pierre Médevielle, coauteur d'un rapport d'information parlementaire, estime que le glyphosate n'est pas cancérogène et dénonce une "hystérie collective". Le rapport en question n'est pas aussi catégorique.
"Le glyphosate est moins cancérogène que la charcuterie ou la viande rouge, qui ne sont pas interdites" : cette petite phrase de Pierre Médevielle dans La Dépêche du Midi n’a pas manqué de créer la polémique, dimanche 12 mai. Et pour cause : le sénateur est en effet l’un des coauteurs du rapport d’information parlementaire sur le glyphosate et le rôle des agences sanitaires, mené par l'Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques (OPECST).
Le rapport sera présenté jeudi 16 mai. "Je ne vois aucune raison pour laquelle nous prendrions notre part de l'hystérie collective suscitée par une molécule dont on affirme qu'elle est cancérogène alors qu'en réalité, elle ne l'est pas", explique avant sa publication Pierre Médevielle, sénateur centriste de Haute-Garonne et vice-président de l'OPECST. "Vous ne lirez pas cela dans le rapport, car cela n'y a jamais été, a répondu Cédric Villani, premier vice-président de l'OPECST, sur franceinfo. C'est la conclusion que tire Pierre Médevielle à titre personnel."
Le rapport ne tranche pas la controverse scientifique
Selon un résumé du rapport que franceinfo a pu consulter, les propos du sénateur et vice-président de l'OPECST ne résument pas le contenu du texte. Pierre Médevielle n’est en effet qu’un des quatre rapporteurs de ce travail parlementaire qui s’intitule "Evaluation des risques par les agences : trouver le chemin de la confiance". Et c’est bien la polémique sur le glyphosate qui a amené l’Office à faire ce travail de plus d’un an.
Le rapport d'information estime que faire croire que le glyphosate va générer un problème de santé massif dans les années à venir parait tout à fait excessif. Mais il juge aussi que l'Office n’a pas à trancher dans la controverse scientifique entre l’Organisation mondiale de la santé (OMS), qui classe le glyphosate comme cancérigène probable, et l’Autorité européenne de sécurité des aliments (Efsa) qui dit le contraire.
Le rapport reconnaît que les deux instances n’ont pas traité le sujet à la légère, mais elles ne se basent pas sur les mêmes études : si l’Efsa évalue le fonctionnement de la molécule, l’OMS regarde l’exposition de la population au glyphosate, or il n’est jamais pulvérisé seul dans l’environnement.
En revanche, le rapport de l’Office va plus loin. Il estime que même s’il y a des règles strictes qui encadrent ces agences, il leur faut plus de moyens pour éviter les conflits d’intérêt avec l’industrie, et étudier aussi les "effets cocktail", ainsi que les risques émergents des substances, comme les pesticides.
Le rapport analyse sur 150 pages les procédures d'évaluation sanitaire et environnementale en vigueur en France et à Bruxelles, et avance une douzaine de recommandations (communication au public renforcée en amont, plus de moyens pour les agences comme la capacité de commander des études...).
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