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"Il n'y a pas de raison que le vote change" : la France se dirige vers une nouvelle abstention lors de la consultation des États membres sur le glyphosate

La Commission européenne propose de reconduire l'autorisation de l'herbicide controversé pour dix années supplémentaires. Elle doit re voter jeudi sur le sujet.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Marc Fesneau, le ministre de l'Agriculture, le 15 novembre 2023 sur franceinfo. (FRANCEINFO / RADIO FRANCE)

"On attend les derniers éléments de propositions de l'Union européenne" sur le glyphosate, "s'il n'y a pas de changement, il n'y a pas de raison que le vote" de la France "change", a indiqué mercredi 15 novembre sur franceinfo Marc Fesneau ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire. La France s'était abstenue lors d'un premier vote le 13 octobre alors que la Commission européenne propose de reconduire l'autorisation de l'herbicide controversé pour dix années supplémentaires.

L'Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA), qui a rendu un rapport l'été dernier, ne l'estime pas assez dangereux pour justifier une interdiction du glyphosate, alors que l'Organisation mondiale de la santé (OMS) le classe "probable cancérogène". Lors d'un premier vote en octobre, la majorité requise pour adopter ou rejeter la proposition de la Commission relative au renouvellement du glyphosate n’avait pas été atteinte. Les 27 pays européens vont devoir une nouvelle fois se prononcer jeudi.

"L'interdiction totale, ce n'est pas possible", a martelé Marc Fesneau. "On a constaté qu'il n'y avait pas d'alternative aujourd'hui", a-t-il expliqué. Pourtant, Emmanuel Macron avait tweeté en novembre 2017 avec le hashtag #MakeOurPlanetGreatAgain : "J’ai demandé au gouvernement de prendre les dispositions nécessaires pour que l’utilisation du glyphosate soit interdite en France au plus tard dans trois ans", écrit-il. Depuis, la position du président de la République sur le glyphosate a quelque peu évoluée. Marc Fesneau a tenté de la définir : "La position de la France est simple. Là où il y a des alternatives, il faut que l’on continue à les pousser pour avoir une trajectoire de réduction, là où il n'y a pas d'alternatives, on cherche pour essayer de trouver", a-t-il expliqué.

Le ministre de l'Agriculture admet que les scientifiques patinent : "Il y a parfois des impasses techniques qui existent en agriculture", expose-t-il en faisant le parallèle avec la recherche médicale. "Il y a des maladies sur lesquelles on n'a toujours pas de médicament. C'est pareil", affirme-t-il.

"Il n'y a aucun pays européen qui se passe du glyphosate et par contre, il y a un seul pays européen qui a réduit l'utilisation du glyphosate, c'est la France", a-t-il affirmé. En 2020, le Luxembourg avait été le premier pays de l'Union européenne à bannir le glyphosate. "Le Luxembourg a une position du moment", a rétorqué le ministre.

Marc Fesneau a rejeté les accusations faites selon lesquelles il sacrifierait la santé de milliers de Français pour les intérêts agro-industriels : "J'ai une famille, j'ai des enfants, donc je n'accepterai jamais qu'on me fasse la leçon. Moi aussi, je défends les intérêts de la santé français et je m'en préoccupe", a-t-il répondu.

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