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Glyphosate : "Il faut à tout prix arrêter ce produit, pour éviter de nouvelles victimes", alerte la mère de Théo, atteint d'une malformation à cause du pesticide

La famille a décidé de sortir du silence alors que la Commission européenne envisage de prolonger de dix ans l'autorisation du glyphosate. Les membres de l'Union européenne voteront ce vendredi.
Article rédigé par franceinfo
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Un agriculteur en train de répandre du glyphosate, 23 avril 2021. (JEAN-FRANCOIS MONIER / AFP)

"Il faut à tout prix arrêter ce produit, pour éviter de nouvelles victimes", alerte Sabine Grataloup ce mardi 10 octobre sur franceinfo à propos du glyphosate. Elle a utilisé ce pesticide pendant sa grossesse et son fils Théo, 16 ans, est atteint depuis sa naissance d'une grave malformation de la trachée et de l'œsophage.

>> Glyphosate : un lien entre malformations et exposition prénatale à ce désherbant est reconnu par le Fonds d'indemnisation des victimes de pesticides, une première mondiale

Pour la première fois, la Commission d'indemnisation des enfants victimes d'une exposition prénatale aux pesticides établit un lien de causalité entre l'exposition au glyphosate de cette femme durant sa grossesse et la malformation de son fils. Le montant de l'indemnisation représente environ 36 000 euros. La décision a été rendue en mars 2022, mais la famille a décidé désormais de sortir du silence alors que la Commission européenne envisage de prolonger de dix ans l'autorisation du glyphosate. Les membres de l'Union européenne voteront le vendredi 13 octobre.

franceinfo : Quelle a été votre réaction quand vous avez appris cette décision de la Commission d'indemnisation des enfants victimes d'une exposition prénatale aux pesticides ?

Sabine Grataloup : Ça a été grand soulagement, on se battait depuis des années pour faire reconnaître ce lien, après avoir alerté les politiques, les scientifiques, les autorités sanitaires. Il a fallu rassembler toutes les preuves nous-mêmes, avec nos avocats, pour lister les études qui existent sur ce sujet, sachant que c'est un sujet peu étudié. La plupart du temps, ce sont des scientifiques indépendants qui se lancent. Avoir enfin une réponse d'un comité d'experts dont la compétence et l'indépendance sont incontestables, c'est quelque de très très fort. La reconnaissance des études a aujourd'hui des lacunes. Il y a eu énormément d'enquêtes qui montrent que les agences réglementaires ne se basent que sur une toute petite partie des études publiées et souvent celles faites par les industriels eux-mêmes. C'est insensé.

La décision a été rendue en mars 2022, vous aviez gardé le silence jusque-là, pourquoi en parler maintenant ?

"Nous avons gardé le silence pour protéger Théo. Quand nous avons été médiatisés à l'annonce du procès, nous avons été attaqués par de nombreuses personnes sur les réseaux sociaux, par les lobbies". 

Sabine Grataloup,

à franceinfo

Maintenant, ce qui nous a poussés à sortir du silence, c'est le vote à venir pour le renouvellement du glyphosate dans l'Union européenne. Nous avons entendu des gens dire ce pesticide est sûr et qu'il faut le renouveler pour 10 ans. Alors que des experts du sujet se sont prononcés à l'inverse !

Théo, votre fils, en appelle directement à Emmanuel Macron lors d'un appel sur le média Vakita. Qu'attendez-vous du chef de l'Etat ?

Théo a encore cette confiance dans ceux qui nous gouvernent. Je ne vous cache pas que depuis qu' Emmanuel Macron a dit en 2017 qu'il interdirait le glyphosate sous trois ans et qu'on voit qu'il est toujours autorisé et que le gouvernement envisage même de voter pour sa reconduction au niveau européen, j'ai des doutes. Il faut à tout prix arrêter ce produit pour éviter de nouvelles victimes. C'est un pesticide très utilisé, qui pollue les nappes phréatiques et peut toucher tout le monde. C'est notre devoir de citoyen d'alerter les autorités politiques et le grand public.

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