"Méga-bassines" : au-delà de Sainte-Soline, quels sont autres les projets de retenues d'eau de ce type en France ?
Difficile de dire avec précision combien de projets de bassines existent en France, car il n'existe pas de chiffrage national pour ces réserves dédiées à l'irrigation agricole. Selon le site d'information du gouvernement sur les politiques publiques, il y a une centaine de projets. Un chiffre très en deçà du recensement fait par les associations Bassines non merci et Le Soulèvement de la Terre, qui en décomptent un peu moins de 300, dont une partie importante sont encore à l'étude.
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La dénomination officielle de ces bassines ou de "méga-bassines" est "retenue de substitution". En clair, il s'agit d'une sorte d'immense piscine creusée au milieu des champs et qui prélève de l'eau, la plupart du temps dans les nappes phréatiques, pour l'utiliser en irrigation au printemps et en été. Ces bassines sont très localisées en France.
Des projets autour du marais poitevin
S'il y a quelques projets autour de Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme) et autour de Bourges (Cher), l'écrasante majorité des programmes se trouve plus à l'ouest du pays : principalement en Charente-Maritime, en Vendée et dans les Deux-Sèvres. C'est dans ce département que se trouve Sainte-Soline où il y a eu de violents affrontements samedi 25 mars. Avec Mauzé-sur-le-Mignon, Sainte-Soline fait partie d’un projet contesté de 16 retenues sur le bassin de la Sèvre niortaise et du Mignon.
Le sud de la Vendée, en lisière du Marais poitevin, compte 25 bassines, construites entre 2007 et 2011 sur les bassins des Autizes et des rivières Vendée et le Lay. Dans cet inventaire, il est également possible d'ajouter la Vienne. Un projet de 30 nouvelles réserves d'eau dans le bassin de la rivière le Clain y a été validé par la préfecture à la fin de l'année 2022.
Selon Vincent Bretagnolle, chercheur du CNRS, cette présence massive de bassines autour du Marais poitevin s'explique notamment par l'existence d'un sol granitique. L'eau ne peut pas s'infiltrer dans ce sol constitué de roches très denses. Il y a davantage besoin d'arroser. Le nombre d'agriculteurs cultivant du maïs, une plante qui demande beaucoup d'eau, peut aussi expliquer la présence de nombreux projets dans ces régions.
De nombreux recours en cours d'instruction
Ces projets de bassines sont d'ailleurs attaqués en justice par leurs opposants. Quelque 93 réserves de substitution actuellement en projet dans l'ancienne région Poitou-Charentes font en ce moment l'objet de recours. Si l'examen des procédures prend du temps, des décisions de justice ont déjà été rendues ces dernières semaines. En Charente-Maritime, le Conseil d'État a confirmé le 3 février l'interdiction de remplir cinq bassines à usage agricole sur les communes de La Laigne, Cramchaban et la Grève-sur-le-Mignon en raison d'insuffisance des études d'impact. La Cour administrative d'appel de Bordeaux a aussi invalidé en janvier six autres projets sur six communes de Charente-Maritime (Anais, Benon, Le Gué-d’Alleré, Saint-Médard-d’Aunis, Saint-Sauveur-d’Aunis et Saint-Xandre), jugeant les volumes d'eau envisagés excessifs.
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