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Sainte-Soline : "Ce n'est pas en procédant avec une violence aussi inouïe de la part des forces de l'ordre qu'on va parvenir" à réconcilier la police et la population, pointe la LDH

Dans son rapport sur l'intervention des forces de l'ordre à Saint-Soline le 25 mars, la Ligue des droits de l'Homme dénonce une "volonté délibérée de ne pas porter secours" aux blessés.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Patrick Baudouin, président de la Ligue des droits de l’homme, le 22 mars 2023 sur franceinfo. (FRANCEINFO / RADIO FRANCE)

"Ce n'est pas en procédant avec une violence aussi inouïe de la part des forces de l'ordre qu'on va parvenir" à réconcilier la police et la population, pointe le président de la Ligue des droits de l'Homme (LDH) Patrick Baudouin, lundi 10 juillet sur franceinfo, après avoir présenté les conclusions de son rapport pointant la responsabilité de l'État lors de la manifestation du 25 mars à Sainte-Soline (Deux-Sèvres). Le compte rendu de 150 pages s'appuie sur un travail de terrain de la vingtaine d'observateurs présents lors de la mobilisation, qui avait abouti à des heurts violents entre manifestations et forces de l'ordre. Le rapport souligne la "volonté délibérée de ne pas porter secours au plus vite" et un usage "disproportionné" des armes par les forces de l'ordre.

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franceinfo : Dans votre rapport, vous parlez d'une volonté délibérée de ne pas porter secours au plus vite sur le site de Sainte-Soline ?

Patrick Baudouin : C'est une des conclusions du rapport qui était effectivement un point très controversé, qui avait donné lieu à des polémiques immédiates, puisque nos observateurs qui étaient sur place, ont pu constater qu'il y avait des entraves aux secours pour les blessés, y compris les blessés les plus graves et notamment le cas le plus emblématique, celui de Serge qui était l'un des trois blessés les plus graves, qui était en urgence absolue, se trouvant dans une zone parfaitement accessible pour les secours, contrairement à ce que les autorités ont prétendu.

"Le Samu et les pompiers n'ont pas pu intervenir directement en raison d'un défaut d'autorisation par le commandement de la zone."

Patrick Baudouin

à franceinfo

La préfète des Deux-Sèvres réfute ces accusations sur ces prétendues entraves délibérées…

Nous avons pris le temps avec les observateurs de faire un rapport très complet, minute par minute avec détails à l'appui et photos. On voit que les secours sont arrivés avec 35 à 40 minutes de retard par rapport à ce qui était possible. Alors bien sûr, on peut être dans la dénégation pour dédouaner les forces de l'ordre et incriminer les manifestants, mais il y a une réalité qui paraît incontestable. On ne le fait pas à la légère, on le fait sur une base de documentation très précise, très sérieuse, et c'est un fait qui est avéré. J'espère que les enquêtes judiciaires indépendantes en cours permettront de confirmer nos propos.

Le rapport pointe également un usage "disproportionné" des armes. En face, les gendarmes ont aussi retrouvé des haches, des cocktails Molotov…

Nous ne sommes pas là pour approuver les jets de projectiles contre les forces de l'ordre, au contraire. Mais il s'agit là d'une responsabilité pénale individuelle. Ce n'est pas le propos de notre rapport. C'est un examen des violences policières, voir comment se passe le système de maintien de l'ordre. Or, là, on relève deux choses qui paraissent essentielles. La première, c'est que, contrairement à ce qu'ont dit les autorités dans les rapports, en particulier celui de l'IGGN (Inspection générale de la gendarmerie nationale) ou à la demande de la préfecture, l'engagement de la force a été préalable à des actes d'hostilité de la part des manifestants. Une vingtaine de quads avec deux gendarmes sur chacun d'entre eux sont venus au contact des cortèges et ont commencé à faire usage des grenades sans sommation. Le deuxième point, c'est qu'il y a eu des tirs de grenades dangereuses qui ont été utilisées d'une manière massive, disproportionnée et indiscriminée, c'est-à-dire qu'elles ont été utilisées dans des tirs à propulsion, tendus, visant les manifestants. Il y a eu 5 000 grenades, on n'avait jamais vu cela dans des rassemblements antérieurs.

La présence à Sainte-Soline de manifestants "particuliers", dangereux, ne légitime-t-elle pas, selon vous, l'usage de ces armes par les forces de l'ordre ?

Non, le ministre de l'Intérieur avait indiqué la veille : "vous verrez des images très violentes". Le pouvoir était avisé, selon le ministre de l'Intérieur lui-même, qu'il y aurait des manifestations et qu'il fallait les encadrer. Mais l'encadrement supposait effectivement de contrôler au maximum les manifestants violents, mais aussi d'assurer la sécurité de l'immense majorité des personnes qui étaient là, venues manifester pacifiquement, sans que l'on inonde de grenades lacrymogènes, qu'on créé des tensions dès le début de la manifestation. Notre objectif, c'est de réconcilier la police et la population, en l'espèce dans ce cas, les manifestants. Ce n'est pas en procédant avec une violence aussi inouïe de la part des forces de l'ordre qu'on va y parvenir. Il y a d'autres méthodes.

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