Les animaux vivent de plus en plus la nuit pour éviter les hommes
C'est la conclusion tirée de l'analyse de 76 études réalisées pendant 25 ans sur 62 espèces des 5 continents.
Contraints de cohabiter avec les humains, les animaux s'adaptent et adoptent un mode de vie nocturne. C'est le constat établi par une équipe de chercheurs de l'université californienne de Berkeley dans un article paru dans la revue Science (en anglais) vendredi 15 juin et repéré par Le Monde. Leur article est une synthèse de 76 études réalisées pendant 25 ans sur 62 espèces des cinq continents.
Plus de huit études sur dix (83%) ont mis en évidence une augmentation du temps de vie nocturne des animaux étudiés, en présence des humains. Ainsi, dans les montagnes de Californie, les coyotes vivent désormais presque exclusivement la nuit. Même constat en Pologne : les sangliers vivant dans les zones péri-urbaines vivent à 90% la nuit. En Alaska, les ours bruns ont eux aussi changé leurs habitudes : leur vie nocturne est passée de 33% à 76%, à cause du développement du tourisme de plein air.
Lions, léopards, éléphants... Tous concernés
Dans les forêts tropicales de Sumatra, en Indonésie, l'ours malais vit à 90% la nuit, en présence des hommes. Son activité nocturne se limite en revanche à 19%, loin des humains. Même constat au Gabon : les léopards vivent à 93% la nuit, dans les zones où les hommes les chassent. Cette proportion tombe à 46%, dans les zones où les félins ne sont pas traqués. En Tanzanie, les lions sortent à 90% la nuit dans les zones où les hommes font paître leurs troupeaux, alors qu'ils ne vivent qu'à 17% la nuit en temps normal.
Le phénomène a pu être suivi en temps réel par des chercheurs chez les éléphants du Kenya. Au fur et à mesure que les pachydermes se rapprochaient des zones habitées par les hommes, ils se cachaient le jour, ne se déplaçaient et ne s'alimentaient qu'une fois le soleil couché, alors qu'ils ont pourtant une mauvaise vue la nuit.
Ces dizaines d'études se focalisent sur des animaux de moyenne ou de grande tailles. Mais les chercheurs font l'hypothèse que les espèces de petite taille changent elles aussi leurs mœurs. Les scientifiques soulignent que les animaux pourraient avoir plus de difficultés à s'alimenter la nuit, ou à éviter les prédateurs voire à communiquer entre eux.
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