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Le Giec doit se réformer s'il veut être crédible et éviter des erreurs comme celles figurant dans son dernier rapport

C'est ce qu'a conclu lundi le Conseil inter-académique (IAC), composé de 15 académies des sciences de différents pays, dans une enquête remise à l'ONU.Le Conseil ne remet pas en cause les évaluations du Groupe intergouvernemental d'experts de l'ONU sur l'évolution du climat sur le changement climatique et les risques encourus par la planète.
Article rédigé par France2.fr avec agences
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Rajendra Pachauri, le président du Giec depuis 2002. (AFP/Rajendra Pachauri)

C'est ce qu'a conclu lundi le Conseil inter-académique (IAC), composé de 15 académies des sciences de différents pays, dans une enquête remise à l'ONU.

Le Conseil ne remet pas en cause les évaluations du Groupe intergouvernemental d'experts de l'ONU sur l'évolution du climat sur le changement climatique et les risques encourus par la planète.

Mais le Giec, dont les rapports servent de base aux négociations internationales sur le changement climatique, "doit réformer fondamentalement sa structure de direction et renforcer ses méthodes de travail pour faire face à des évaluations climatiques de plus en plus complexes", ont conclu les enquêteurs.

Le rapport souligne que "la méthode utilisée par le Giec pour produire ses évaluations périodiques (sur l'évolution du climat, ndlr) a été dans l'ensemble couronnée de succès". Mais "je pense que les erreurs faites ont entamé la crédibilité du processus", a estimé lors d'une conférence de presse le président du Conseil inter-académique (InterAcademy Council), Harold Shapiro.

Rajendra Pachauri, le président du Giec, a annoncé qu'il remettait son sort entre les mains des Etats membres du Groupe. Rajendra Pachauri dirige le Giec depuis 2002. Il a été reconduit en septembre 2008.

Le Giec, lauréat du prix Nobel de la paix, a dû admettre en janvier qu'il avait commis une "regrettable erreur" en affirmant, dans son rapport de 2007, que les glaciers de l'Himalaya "pourraient disparaître d'ici à 2035, voire avant". Il a affirmé également que 55% des Pays-Bas se trouvaient sous le niveau de la mer, au lieu de 26%.

La révélation des erreurs du Giec avait renforcé le camp des climato-sceptiques, d'autant que juste avant le sommet de l'ONU sur le climat à Copenhague, en décembre 2009, avait éclaté le Climategate: des milliers de courriels de climatologues liés au Giec avaient été publiés sur internet. Et certains d'entre eux, pris isolément, laissaient penser qu'ils avaient dissimulé des données contredisant le réchauffement de la planète. Une enquête menée en Angleterre sur ce scandale a blanchi début juillet les chercheurs de l'Université d'East Anglia, mis en cause.

Des conclusions plutôt bien accueillies
L'organisation écologiste Greenpeace s'est félicitée des conclusions de l'enquête et a souligné que les récentes intempéries - inondations au Pakistan, sécheresse en Russie - prouvaient s'il en était besoin la réalité du changement climatique.

Aux Etats-Unis, une association scientifique, l'Union of Concerned Scientists, tout en se félicitant des conclusions de l'enquête, s'est prononcée pour le remplacement de M.Pachauri.

Créé il y a 20 ans, le Giec publie tous les 6 à 7 ans un rapport très attendu dont le prochain est prévu en 2014.


Recommandations de l'IAC pour réformer le Giec
- Limiter la durée du mandat du patron du Giec pour "conserver une approche neuve". Pour l'IAC, deux mandats de six ans pour le patron du Giec, c'est "trop long". Il propose d'instaurer un seul mandat pour ce dernier, mais aussi pour les présidents des trois groupes de travail, "afin de conserver une variété de regards et une approche neuve à chaque évaluation".

-Créer un "Comité exécutif" avec des personnalités extérieures pour plus de "transparence". Il serait de taille réduite, "idéalement pas plus de 12 membres" dont certains n'auraient pas de liens avec le Giec et même avec les sciences du climat afin d'"améliorer sa crédibilité et son indépendance". Il offrirait plus de souplesse et de réactivité au Giec, et agirait en son nom sans attendre les grandes réunions plénières, une à deux fois par an. Il serait ainsi chargé d'"approuver des corrections mineures à des rapports déjà publiés, de légères modifications dans le cadre d'une évaluation en cours ..."

L'IAC recommande aussi la nomination d'un directeur exécutif, qui dirigerait le secrétariat, gèrerait le quotidien, et parlerait au nom de l'organisation.

- Adopter de nouvelles consignes sur l'utilisation de données non publiées dans des revues scientifiques soumises à l'évaluation de leurs pairs: "Souvent, de telles sources d'information sont significatives et doivent figurer dans les rapports d'évaluation", écrit l'IAC. Néanmoins, il faut que les procédures à suivre soient plus précises, notamment sur le type de littérature acceptée, et que leur origine soit clairement indiquée.

- Mettre de l'ordre dans la façon d'indiquer le niveau "d'incertitude": dans le dernier rapport, chacun des trois groupes de travail a "exprimé différemment le niveau d'incertitude", selon l'IAC. Le groupe 1 (qui travaille sur les preuves scientifiques du réchauffement) estimait qu'un événement était "extrêmement probable" quand il avait plus de 95% de chances de se produire, alors que le groupe 2 (impacts du réchauffement) évoquait un "fort niveau de confiance" quand il avait huit chances sur dix d'arriver.

- Améliorer la communication du Giec. Il s'agit d'une question difficile "en raison de la complexité de la science du climat" et du "besoin toujours croissant de s'adresser à un public qui dépasse le cercle des scientifiques et des gouvernements". Aussi, l'IAC, qui critique la "lenteur et les réponses inadéquates" du Giec au moment de la dernière polémique, recommande que ce dernier mette en place une vraie "stratégie" de communication.

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