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Le Conseil supérieur des programmes veut renforcer l'éducation au changement climatique... et auditionne des climatosceptiques

Parmi la vingtaine d'experts auditionnés par le Conseil supérieur des programmes, deux scientifiques remettent ouvertement en cause l'urgence climatique. 

Article rédigé par Alexis Morel
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Le ministre de l'Education nationale Jean-Michel Blanquer et la secrétaire d'Etat à la Transition écologique Brune Poison en déplacement dans un collège de Péronnas (Ain), le 28 mars 2019. (LAURENT THEVENOT / MAXPPP)

L'instance chargée des programmes scolaires au cœur d'une polémique... climatique. Missionné par le ministre Jean-Michel Blanquer pour renforcer l'éducation au changement climatique à l'école et au collège, le Conseil supérieur des programmes (CSP) vient d'auditionner une vingtaine d'experts. Or le choix de certains d'entre-eux interpelle des spécialistes du climat, notamment celui de deux chercheurs qui remettent clairement en cause l'urgence climatique, comme l'a révélé le Canard Enchaîné. Ces deux scientifiques contestent les travaux du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (Giec) et questionnent le rôle de l'activité humaine dans le changement climatique.

Ce choix est incompréhensible, pour la climatologue Valérie Masson-Delmotte, elle-même membre du Giec. "J'ai été vraiment stupéfaite de voir que le Conseil supérieur des programmes a choisi d'auditionner un climatosceptique revendiqué. Ce qui est important c'est le respect de la déontologie scientifique". 

Ce qui est important c'est le respect de la déontologie scientifique. Soit on participe au progrès des connaissances, en faisant des publications à comité de lecture, soit on joue un autre jeu qui est celui de l'expression d'une opinion.

Valérie Masson-Delmotte

à franceinfo

La climatologue Valérie Masson-Delmotte s'alarme des critères de choix du CSP, entre simple opinion et expertise scientifique : "J'ai vraiment l'impression que le Conseil supérieur des programmes a fait cette confusion, ce qui est très préoccupant". Elle a elle-même été auditionnée par le Conseil des programmes. Elle en est ressortie plutôt amère : "Lors de mon audition j'ai été surprise par des questions du CSP qui m'interrogeait sur le fait même que les sciences du climat soient une science ou qui me posait des questions sur des idées reçues largement démontées."

Les propositions de programme transmises fin novembre au ministre

Le Conseil des programmes, instance indépendante, explique être attaché au débat pluraliste. "Ces auditions de scientifiques et d’experts n’ont pas vocation à reconduire, dans les programmes, les débats entre les scientifiques et les débats de société, ni à y prendre part", explique le CSP dans un courrier. "Grâce à ce travail préalable, les membres du CSP pourront aborder, avec discernement, la phase de conception et de rédaction des propositions qu’ils transmettront au ministre de l’Éducation nationale et de la Jeunesse à la fin du mois de novembre 2019."

Le CSP ajoute également que les auditions ne préjugent pas des propositions qui seront faites au ministre. L'entourage de Jean-Michel Blanquer affirme, lui, que le CSP est une instance autonome, dans laquelle il n’a pas à intervenir mais que l'objectif est bien de verdir les programmes. Et ce même entourage prévient que le ministre pourrait très bien rejeter la copie du CSP, si celle-ci ne lui convient pas. 

Le Conseil supérieur des programmes auditionne des climatosceptiques. Un reportage d'Alexis Morel.
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