L’artiste Tomi Ungerer a t-il trahi les écologistes?
Dans un courrier, le militant de Halte au Nucléaire, Jean-Marie Brom, écrit à son ami Tomi Ungerer qu’il l'"attriste". Il se demande pourquoi le dessinateur plasticien, "qui a réalisé naguère une affiche électorale pour les Verts", a lié cette œuvre à l’énergie nucléaire.
Commandée par le musée EDF Electropolis de Mulhouse, la « Roue de l’énergie » est une œuvre en trois dimensions, mesurant quatre mètres sur trois. C’est une grosse roue à aube (qui fonctionne réellement), actionnée par deux grenouilles, elles-mêmes perchées sur des poissons colorés. Des grenouilles qui pédalent en string, bas résilles et talons aiguilles.
_ A l’origine un dessin, l’œuvre a changé de dimension grâce au concours d’un chef de projet chez EDF, Pierre-Yves Laucher, de l’Insa de Strasbourg (Institut national des sciences appliquées) et de plusieurs partenariats.
"Je suis un vieil écologiste, et la roue qui animait autrefois les moulins est une source d’énergie propre" , a expliqué Tomi Ungerer. Néanmoins, l’artiste de 78 ans a admis "qu’actuellement, il n’y a pas d’autre choix que d’accepter le nucléaire", lors de l’inauguration de l’œuvre dans la doyenne des centrales nucléaires françaises.
_ Un contraste qui fait polémique également dans les journaux régionaux.
Nicole Roelens, la présidente de Stop Fessenheim, est "déçue" par son ami Tomi. Mais elle veut croire à un pied de nez à son mécène. Dans une lettre au dessinateur, elle le félicite pour son "culot", pour avoir eu la malice "d’avoir laissé penser que le lobby nucléaire avait réussi à [le] convaincre (…), et ridiculisé la campagne en faveur de la vieille centrale".
« La Roue de l’énergie » ne restera pas à la centrale : elle va descendre le Rhin (en produisant de l’électricité) pour être ensuite exposée à Strasbourg – où se trouve le musée Tomi Ungerer, Centre international de l'Illustration. Puis la roue partira en Chine, où elle représentera l’Alsace lors de l'Exposition universelle de Shanghaï, qui s’ouvre le 1er mai.
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