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La France décide d'interdire le maïs transgénique

Ce n'est pas une surprise. Le gouvernement prend acte des "doutes sérieux" énoncés par la Haute Autorité sur les OGM et déclenche la procédure de suspension de la culture du maïs MON810 en France.
Article rédigé par franceinfo
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  (Radio France © REUTERS / Georges Bartoli)

C'était le seul maïs transgénique cultivé à des fins commerciales en France. Le MON810 devrait bientôt disparaître des champs français. Hier soir, Matignon a donc décidé de déposer une clause de sauvegarde sur la culture de ce maïs auprès de l'Union européenne.

La clause de sauvegarde permet à un pays européen d’interdire un OGM autorisé par l’Europe, à condition de le justifier par des éléments scientifiques nouveaux.

Et ces éléments nouveaux, ce sont les conclusions de la Haute Autorité sur les OGM, rendues publiques mercredi. Dans son rapport, la commission fait ainsi état de risques scientifiques inconnus jusque là, comme "la dissémination à longue distance, sur plusieurs dizaines, voire centaines de km —alors que les précédentes études portaient sur plusieurs dizaines et centaines de mètres—". Et parle d’un "impact négatif" du MON810 sur la faune et la flore, notamment le lombric et les micro organismes.

José Bové suspend sa grève de la faim

Le communiqué de Matignon annonce donc "la nécessité d'expertises complémentaires sur les effets
sanitaires et environnementaux de l'OGM MON810 à long terme".

Matignon annonce dans la foulée "un plan sans précédent
d'investissement dans les biotechnologies végétales de 45 millions d'euros, soit
une multiplication par huit des budgets actuels".

Ce qui satisfait José Bové et la quinzaine de militants anti-OGM qui observaient une grève de la faim depuis le 3 janvier dernier pour réclamer l'interdiction de la culture du MON810. Quelques minutes après l'annonce du gouvernement, ils ont annoncé la fin de leur mouvement de protestation.

La Fédération nationale des syndicats d'exploitants
agricoles avait de son côté mis en garde le gouvernement mardi : l'activaction de la clause de sauvergarde "ridiculiserait" la France, selon le syndicat agricole.

Du coté des producteurs de maïs OGM - environ 2000 pour 22 000 hectares - c’est la surprise et la colère qui dominent...

Et chez certains pro-OGM, on n'a pas l'intention d'en rester là.
C'est notamment le cas de Claude Ménara : il produit du maïs génétiquement modifié depuis 10 ans dans son exploitation du Lot-et-Garonne et il appelle à la désobéissance.

La branche française de la firme américaine Monsanto, qui
produit le MON810, avait mis de son côté "en doute la crédibilité du
processus ayant abouti à ce projet de rapport et aux conclusions
qu'il contient".

Bruxelles doit désormais donner son feu vert à ce moratoire. La clause de sauvegarde est actuellement utilisée par six pays européens.

Le maïs MON810 est aujourd'hui cultivé sur 22.000 hectares en France, soit moins de 1% des surfaces de maïs.

Céline Asselot avec agences

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