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La finance peut-elle devenir l’amie du climat ?

A moins de 200 jours de la conférence internationale à Paris sur le climat, les banquiers et investisseurs s'engagent. Il ne s'agit plus seulement d'investir dans les énergies renouvelables mais aussi de montrer qu’ils arrêtent de financer la pollution.
Article rédigé par franceinfo
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  (Un champ photovoltaïque à Zhangjiakou en chine du nord © MaxPPP)

Plus de 250 entreprises du monde entier se sont réunies les 20 et 21 mai pour le Business and Climate summit 2015 au siège de l'Unesco à Paris pour préparer la "COP 21", la grande conférence climatique qui se tiendra en France entre fin novembre et début décembre 2015. La planète finance cherche à réorienter 1000 milliards de dollars d’investissements vers des projets bons pour le climat. Pendant longtemps polluer était synonyme de croissance économique. "On cherche le graal : découpler la production de biens de la pollution. Pour la première fois, l’an dernier, les émissions de CO2 ont stagné alors que la croissance mondiale a gagné 3%" , explique Marine De Bazelaire directrice du développement durable chez HSBC.

Lutter contre le changement climatique deviendrait donc rentable. Quand la Chine ferme une centrale à charbon polluante pour la remplacer par des éoliennes et du gaz, elle crée de la valeur et elle fait baisser la pollution. Mais, aujourd’hui, la société civile demande non seulement d’investir dans les renouvelables mais de se désengager des énergies fossiles.

De plus en plus de fonds se détournent des énergies fossiles

Il y a cinq ans, un groupe d’étudiants d’une université près de Philadelphie aux Etats Unis était revenu très choqué d’un voyage dans les montagnes des Appalaches où ils avaient vu les ravages des mines de charbon. A leur retour, ils avaient demandé au fond d’investissement de leur campus, celui qui gère leurs bourses, de ne plus mettre un dollar dans les énergies fossiles. Depuis ils ont entraîné avec eux de prestigieuses universités américaines comme Harvard, britannique comme Oxford, le fonds qui gère le journal Le Guardian mais aussi la mairie de Paris. Mi-mars un vœu a ainsi été voté en conseil pour se désengager le fond qui gère les retraites de ses agents des projets de pétrole, de gaz ou de charbon.

 

Le 5 juin, le Parlement norvégien décidera si son fonds de pension s’interdit ou pas d’entrer au capital des entreprises les néfastes au climat… "Cela donnera un signal très important aux marchés financiers puisqu’il s’agit du plus gros fonds souverain du monde" , explique Lucie Pinson, des Amis de la Terre. Au total, plus 200 institutions ont pris cet engagement. Ce sont alors 50 milliards de dollars qui échappent aujourd’hui à ceux qui cherchent de l’argent pour des projets fossiles. 

Les banques font des annonces

En mars, la Société Générale, BNP Paribas ont annoncé retirer leur argent du projet de mines de charbon Alpha Coal en Australie. Cette semaine, le Crédit Agricole promet de ne plus financer de projets charbons. Les ONG ont mené campagne. De plus en plus de clients préoccupés par le climat pourraient décider de changer de banques. Mais aussi ces projets charbons sont moins rentables et deviennent risqués. Le risque, c’est aussi quelque chose qui compte pour les investisseurs.  Pour la première fois, l’an dernier, une agence de notation : Standard & Poor a classé dans une étude les pays en fonction de leur vulnérabilité au risque climat Le Cambodge, le Vietnam et le Bangladesh sont les plus exposés.

 

"Ce n’est pas seulement un problème pour eux. Par exemple, le Vietnam est bien intégré dans la mondialisation et dans la chaîne de production. Des inondations sur place peuvent avoir des conséquences à l’autre bout de la planète parce qu’on ne pourra pas fournir les biens produits dans ce pays" , estime Yann Le Pallec, responsable Europe de Standard & Poors. Il rappelle que c’est arrivé à Apple. Si des tempêtes au Vietnam inondent régulièrement les usines à cause du changement climatique, on obtiendrait donc moins vite le dernier iPhone à Paris. Cynique ? Peut-être ? Mais à prendre en compte pour les financeurs et les assureurs. Ils sont les premiers à s’être pencher sur le risque climat dans leur modèle économique. La tempête Ela a coûté plus de deux milliards d’euros aux assureurs européens qui ont dû rembourser les voitures écrasées par les arbres et les maisons inondées. 

 

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