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"L'ensemble des équipements qu'on trouverait sur un cargo, appliqués à un voilier" : le premier voilier cargo moderne a levé l'ancre, direction l'Amérique

Ce navire, capable de charger 50 tonnes de marchandises, entame sa première transatlantique. Il va transporter du vin et du cacao.

Article rédigé par Etienne Monin
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Le voilier "Grain de sail", dans le port de Saint-Malo, avant son départ le 18 novembre 2020. (ETIENNE MONIN / RADIO FRANCE)

Vu de loin, sur le quai, le Grain de sail n’a pas de signes distinctifs. Il fait 22 mètres, il a deux mâts. Mais il a aussi une cale capable de charger jusqu’à 50 tonnes, ce qui en fait un bateau unique, explique le capitaine Loïc Briand : "Des navires marchands, il y en a 40 000 et c'est l'un des plus petits. Des voiliers, il y en a bien plus et on est un parmi tant d'autres. Par contre, c'est le premier voilier de charge moderne qui est conforme aux réglementations maritimes internationales avec l'ensemble des équipements qu'on trouverait sur un cargo, appliqués à un voilier."

Ce bateau hors normes est parti mercredi 18 novembre de Saint-Malo, direction l'Amérique, avec 15 000 bouteilles de vin à bord. Ce type de transport existait déjà sur des vieux gréements, mais ce navire incarne le retour d’une marine marchande à voile moderne, totalement décarbonnée. Il a été pensé et conçu par une entreprise qui s’appelle aussi Grain de sail, basée à Morlaix. Elle fabrique principalement des tablettes de chocolat bio, depuis quatre ans.

Un modèle économique longuement mûri

Mais le bateau était bien l’idée première du projet. L’activité a été montée pour lui trouver une raison d’être et une assise économique. "La difficulté d'un projet comme ça, c'est de réussir à la mettre en œuvre, pour qu'économiquement, ça tienne la route, ça tienne la marée, et qu'on puisse effectivement construire un bateau, explique Olivier Barreau, le fondateur de Grain de sail. Donc on ne l'a pas construit en premier, on a d'abord constitué le besoin de transport dans l'entreprise, et une fois qu'il a été atteint, on a construit le cargo voilier qu'on souhaitait faire."

Le voilier cargo "Grain de sail", à Lorient, le 15 septembre 2020. (FRED TANNEAU / AFP)

Le bateau passe par New York (où il va débarquer son vin), avant de rallier la République dominicaine, où il sera chargé en cacao, avant un retour dans la cité corsaire en janvier. Comme le bateau est petit, ce transport coûte trois fois plus cher qu’un porte-conteneur. Mais comme le chocolat est bio, c'est-à-dire à haute valeur ajoutée, c’est indolore, assure olivier Barreau : "Le surcoût du transport à la voile, pour une tablette de chocolat, ça représente 10 centimes d'euros, donc finalement c'est assez indolore. Donc il n'y a pas de changement radical des prix de vente."

D’après ses concepteurs, ce navire divise par 17 les émissions de CO2. Les rotations vont prendre autour de trois mois. Un deuxième bateau, beaucoup plus grand, est déjà à l’étude, pour accompagner le développement exponentiel de l’entreprise.

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