Forte présence de pesticides dans les cours d'eau français
93 % des 2.360 secteurs hydrographiques de la France métropolitaine analysés par le
Commissariat Général au Développement Durable en 2011 contiennent des
pesticides.
Le constat du rapport du CGDD publié fin juillet est alarmant et inquiète sur la qualité de l'eau
en France, d'autant que ce taux de pollution est légèrement supérieur à celui constaté l'année précédente : en 2010, déjà 90 % des points de mesure affichaient une présence de produits chimiques.
Les zones les plus concernées sont les grandes régions céréalières, maraîchères ou viticoles, à savoir :
Le nord de la France,Le Bassin parisien,Le Sud-Ouest,L'amont du Rhône,La Martinique.
68 % des pesticides recherchés sont présents dans les cours d'eau français
Durant ses travaux, le CGDD a recherché dans ses points de mesure 550 pesticides et parmi ces produits, 377 - soit 68 % - ont été décelés au moins une fois.
Pire, 19 % des points présentent plus de 20 pesticides différents (contre 15 % en 2010). Dans les départements d'outre-mer (Martinique, Guadeloupe et La Réunion), cette statistique tombe à 5 %.
Le rapport précise que les 15 substances pesticides les plus quantifiées dans les cours d'eau de France métropolitaine en 2011 sont en majorité des herbicides ou leurs dérivés.
►►► Vous pouvez retrouver ici notre infographie sur les chiffres à retenir du rapport du CGDD.
Autre constat de cette étude : certains pesticides interdits aujourd'hui ont été détectés alors qu'ils ne sont plus utilisés. C'est le cas de l'atrazine et du métolachlore, interdits en 2003, ou du diuron (fin 2008). Une présence persistante qui s'explique par la lente dégradation de ces produits chimiques : employés durant de longues années, ils persistent dans l'environnement et sont toujours une source de pollution.
Pas de danger pour la santé humaine
Si cette présence est "généralisée ", comme l'écrit le CGDD, l'organisme constate que près de 70 % des points points affichent une concentration
totale moyenne en pesticides inférieure à 0,5 µg/l. Seuls 17 points sur 2.360 présentent une concentration moyenne annuelle supérieure à 0,5 microgramme par litre, soit le seuil au-delà duquel l'eau est jugée "i mpropre à la consommation humaine ". En outre-mer, sept secteurs sur 12 dépassaient ce seuil.
Contacté par France Info, Jean-Pierre Donzier, directeur général de l'Office International de l'Eau (OIEau), une association à but non lucratif qui se soucie de la gestion et la protection de l'eau dans le monde, se veut rassurant : "De manière générale, n ous sommes à des niveaux de traces, sauf dans des points très particuliers mais bien identifiés. A ce stade, ces traces ne présentent pas de danger particulier pour la santé humaine. "
Les agriculteurs sensibilisés
Si il ne nie pas que ces eaux polluées par les pesticides posent un problème écologique, Jean-Pierre Donzier constate que des mesures ont été prises pour lutter contre cette contamination.
Il se félicite de l'interdiction d'un certain nombre de matières chimiques réputées dangereuses, de l'encadrement de l'utilisation des produits autorisés et d'une meilleure sensibilisation des agriculteurs, qui reçoivent dès leur formation "un enseignement pour un usage spécifique de ces produits ".
Pas de commentaire du CGDD
Le CGDD se refuse pour le moment à commenter ses travaux, qui seront examinés lors de la Conférence environnementale des 20 et 21 septembre.
Voulu par le gouvernement, ce rendez-vous sera l'occasion de faire le point sur de nombreuses problématiques écologiques, comme la question de la propreté de l'eau ou des énergies renouvelables.
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