Doit-on s’attendre à des tempêtes "Klaus" en série?
La tempête qui vient de frapper le Sud-Ouest de la France, avec des vents atteignant les 184km/h – un record – "reste exceptionnelle", note le climatologue français Jean Jouzel. Mais le vice-président du Groupe international d'experts sur le climat (GIEC) n’est pas surpris par sa puissance, en cela qu’elle est conforme aux observations et aux prévisions. "Ce que l’on note c’est que les tempêtes récentes deviennent de plus en plus intenses", explique-il.
Après la tempête dévastatrice de décembre 1999, dont on disait qu’elle était la tempête du siècle, l’arrivée de Klaus, à peine 10 ans plus tard, pose aussi la question de la fréquence de ces épisodes climatiques extrêmes. " Par rapport aux observations de ces 50 dernières années, Il n’y a pas d’augmentation des grosses tempêtes mais de l’intensité des tempêtes les plus fortes ", note le climatologue. En d’autres termes, pas plus de tempêtes mais des tempêtes plus violentes. Voilà ce qui semble nous attendre dans un avenir… plus ou moins proche.
"On ne peut pas faire de prévisions exactes du temps de retour de ces événements très puissants"
Difficile en effet pour les spécialistes de prévoir la fréquence de ces événements météorologiques très violents. "Les événements météorologiques extrême sont par essence aléatoires", note pour sa part Hervé Le Treut, directeur du laboratoire de météorologie dynamique à l'Ecole Polytechnique. "Donc on ne peut pas faire de prévisions exactes du temps de retour de ces événements très puissants", explique-t-il. "Est-ce qu’il y a une tendance ? On ne pourra le savoir qu’après coup si l’on fait des statistiques sur 30 ou 40 ans", ajoute-t-il.
Ce rythme d’une grosse tempête tous les dix ans, ne va "peut-être pas s’accélérer", poursuit de son côté Jean Jouzel. Mais "pour l’Europe du Nord" notamment, le risque d’essuyer dans la deuxième partie du XXIème siècle un phénomène du type Klaus "est sérieux", prévient-t-il, "sans oublier les autres risques liés au changement climatique", fait-il remarquer.
"A ce stade, on ne peut absolument pas lier de manière directe le réchauffement climatique et une tempête comme celle-ci"
Et c’est bien de climat qu’il est question. La faute au réchauffement de l’atmosphère ? Au trou dans la couche d’ozone ? A nos usines ? A la pollution ? …Depuis plusieurs années, les experts tirent la sonnette d’alarme. Mais Jean Jouzel reste très prudent. "Pour le moment, il n’y a pas d’attribution des grandes tempêtes de ce type au changement climatique. Il faudrait plus de recul. Nous n’en sommes pas là", note l’expert. Pas de corrélation avérée donc… mais impossible d’affirmer non plus que ces phénomènes extrêmes ne sont pas effectivement liés au changement climatique, ajoute-t-il.
"A ce stade, on ne peut absolument pas lier de manière directe le réchauffement climatique et une tempête comme celle-ci", estime également Hervé Le Treut. "Maintenant, le réchauffement global de la planète s’accompagnera d’une perturbation générale du climat dont on ne peut pas dessiner tous les contours au jour d’aujourd’hui", ajoute le directeur du laboratoire de météorologie dynamique.
C'est demain que tout empire?...
Quand frappera la prochaine tempête ? Impossible donc de le dire. Mais du côté des experts du GIEC, on est formel sur un point. Il faut s’attendre d’ici la fin du siècle à une augmentation de la fréquence et de l'intensité des tempêtes tropicales et à une augmentation de l'intensité des tempêtes extratropicales, comme celle qui vient de frapper le Sud-Ouest du pays. C’est ce qui ressort de leur 4ème rapport publié en 2007.
Cécile Mimaut.
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