Des consignes pour les bouteilles en plastique : piste prometteuse ou fausse bonne idée ?
Le gouvernement devrait proposer, mardi, la généralisation des consignes pour les bouteilles en plastique et les canettes usagées.
Va-t-on créer une consigne pour les bouteilles en plastique et les canettes métalliques ? Le gouvernement lance le débat. La secrétaire d’État à l’Écologie va visiter, mardi 6 février, une start-up spécialisée dans le recyclage des canettes métalliques et des bouteilles en plastique en Île-de-France. Brune Poirson publie aussi une liste de propositions pour améliorer l’économie circulaire et le recyclage des déchets plastique. Un espace participatif en ligne a d'ailleurs été ouvert sur ces questions.
Parmi ces propositions, le gouvernement met en avant la généralisation, d’ici la fin du quinquennat, d’une consigne pour les bouteilles en plastique et les canettes métalliques. Aujourd'hui, dans les grandes villes, comme Paris et Marseille, seule une bouteille en plastique sur 10 est recyclée.
Oui, la consigne fonctionne
Quand elle existe encore, la consigne pour les bouteilles en verre marche plutôt bien. En France, près de 300 acteurs - magasins, producteurs de bière ou de vin - lavent et réutilisent leurs bouteilles consignées. Pour Réseau consigne, qui fédère plusieurs collectivités, professionnels, associations ou encore porteurs de projets, les gains sont visibles. "Cela coûte moins cher de laver et de réutiliser des bouteilles en verre plutôt que de la casser, la chauffer 24 heures dans un four et de refaire une bouteille en verre", indique Bastien Vigneron, membre de l'association Ecoscience Provence.
Quand on met une incitation financière, on a de meilleurs résultats de collecte.
Bastien Vigneron, Réseau consigneà franceinfo
La consigne consomme quatre fois moins d’énergie. Sa généralisation pour le verre aurait donc tout son sens, même si, aujourd’hui, les taux de collecte sont autour de 70%. Quant aux bouteilles en plastique, l'objectif ne serait pas le réemploi, mais le recyclage. Aujourd’hui, environ 60 % de nos bouteilles sont collectées. Pour le gouvernement, l’incitation financière à récupérer sa caution pour les consommateurs permettrait d’attraper les 40% qui restent.
Un mauvais calcul pour les collectivités ?
Cela peut représenter un manque à gagner pour les services publics municipaux. Pour consigner les bouteilles en plastique, le consommateur devra les rapporter à un point de collecte et non plus les laisser dans son bac de tri. "Les bouteilles en plastique, c’est le seul gisement que l’on arrive à bien collecter et qui rapporte une petite recette", fait remarquer Nicolas Garnier, délégué général de l'association Amorce qui regroupe les collectivités qui gèrent nos déchets.
Amener un nouvel intermédiaire dans la filière pourrait être contre-productif pour les collectivités.
Nicolas Garnier, délégué général d'Amorceà franceinfo
Face à cette perte de recettes, le gouvernement argumente que les collectivités dépenseraient moins d’argent en nettoyage des rues. Aujourd’hui, des entreprises ont créé des collecteurs qui vous donnent des bons d’achat ou font des dons aux associations caritatives en échange de vos bouteilles ou canettes. C’est le cas de Lemon Tri à Pantin (Seine-Saint-Denis) que la secrétaire d’État à l’Écologie visite mardi.
Mais, là où ces collecteurs et la consigne pourraient vraiment s'avérer efficaces, ce serait dans les zones touristiques et dans les grandes villes, où l'on mange beaucoup de vente à emporter et où l'on jette sa barquette ou sa bouteille dans une poubelle "classique". Cela finit donc en décharge ou en incinérateur. Seulement 10% des bouteilles plastiques sont recyclées dans ces points noirs de la collecte. "Mettre plus de poubelles de tri dans les rues, les gares et les aéroports pourraient s’avérer tout aussi efficace", rappellent de leur côté les associations environnementales, comme Zéro waste France.
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