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Témoignage Manifestant blessé à Sainte-Soline : "On a attendu cette ambulance pendant 1h30", raconte une membre de l'équipe "Médic"

Le pronostic vital est engagé pour deux hommes après le rassemblement dans les Deux-Sèvres de samedi pour protester contre les "méga-bassines". Des manifestants accusent les forces de l'ordre d'avoir entravé l'intervention des secours pour l'un des blessés.
Article rédigé par Mathilde Lemaire, franceinfo - Véronique Rebeyrotte- France Culture
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Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Des affrontements ont éclaté entre manifestants et forces de l'ordre lors de la mobilisation du 25 mars 2023 contre les "méga-bassines", à Sainte-Soline (Deux-Sèvres). (THIBAUD MORITZ / AFP)

Deux hommes entre la vie et la mort, et des questions. Dans les Deux-Sèvres, 48 heures après la mobilisation contre les "méga-bassines" de Sainte-Soline, le manifestant grièvement blessé, samedi 25 mars lors des violents affrontements entre forces de l'ordre et manifestants, reste avec "un pronostic vital engagé" font savoir ses "camarades" dans un communiqué. 

>> "Méga-bassines" : manifestants et gendarmes blessés, tirs de mortiers, véhicules incendiés… Que s'est-il passé samedi à Sainte-Soline ?

Quelles sont les circonstances dans lesquelles ce jeune homme a été blessé ? D'après la Ligue des droits de l'homme et d'après le communiqué signé de ses "camarades", cet homme de 30 ans a reçu une grenade de désencerclement à la tête et s'est très vite retrouvé à terre. Ses "camarades" qui dénoncent l'ordre du commandement de la gendarmerie qui, selon eux, a sérieusement retardé sa prise en charge par les secours.

Un second manifestant a son pronostic vital engagé après la manifestation de samedi à Sainte-Soline, a annoncé le ministre de l'Intérieur en conférence de presse lundi. "Je tiens à avoir une pensée pour les deux hommes qui ont leur pronostic vital engagé à Sainte-Soline", a déclaré Gérald Darmanin.

Un blocage du Samu par les forces de l'ordre ?

Selon nos sources, le manifestant de 30 ans est un habitant du secteur, de la commune de Melle dans les Deux-Sèvres. Il a été blessé vers 13h30 et n'aurait été pris en charge qu'après 15 heures malgré plusieurs appels au Samu comme l'explique une ex-infirmière de 39 ans qui était bénévole parmi l'équipe "Medic" samedi à Sainte-Soline : "J'ai vu un garçon d'une trentaine d'année au sol, inconscient, avec une hémorragie au niveau des oreilles et du nez, ce qui ne fait pas de doute sur un état de santé grave et urgent, raconte Caroline au micro de la journaliste Véronique Rebeyrotte pour France Culture. Il y a eu plusieurs appels au Samu et au 112 avec une réponse qui était : 'On vous a géolocalisé. On vous envoie une ambulance.' Sauf qu'on a attendu cette ambulance pendant 1h30 avant que l'autorisation soit donnée par la préfète."

"Moi, j'ai entendu la voix du régulateur du Samu prononcer la phrase : "Nos ambulances sont bloqués par la police.' Il y a eu un blocage qui a empêché cette personne d'être évacuer plus tôt."

Caroline, membre de l'équipe "Médic" à Sainte-Soline

à France Culture

D'après les informations que nous avons recueillies, le PC de crise du Samu de Niort a en effet reçu des appels en début d'après-midi mais le protocole exige que les équipes n'interviennent que dans des zones où elles et leur mission sont sécurisées. En somme, si une zone est jugée dangereuse, les médecins et secouristes n'avancent pas. C'est un de leurs fondamentaux. L'idée est qu'un médecin lui-même blessé n'est pas d'une grande utilité. Samedi à Sainte-Soline, les gendarmes ont semble-t-il pendant un laps de temps certain estimé que l'endroit n'était pas sûr en raison des affrontements de haute intensité en cours entre force de l'ordre et opposants. Du côté des "camarades" du trentenaire blessé, on estime que cela va au-delà et qu'il y a eu entrave de la part des gendarmes. 

Depuis samedi fin d'après-midi, l'homme est au centre hospitalier de Poitiers en service de réanimation neurochirurgicale où il a subi déjà au moins une opération. L'enquête ouverte par le procureur de Niort dimanche vise à rechercher les causes de ces blessures graves et également, on l'a appris lundi matin, à éclaircir cette question du délai d'intervention des secours. L'institut médico-légal de Poitiers a été requis dès dimanche pour éclairer l'enquête. C'est la section de recherches de la gendarmerie de Poitiers qui en est saisie. 

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