Réchauffement climatique : l'Antarctique fond de manière irréversible, selon une étude scientifique

Ce processus ne peut pas être inversé, même en limitant le réchauffement à 1,5 degrés comme prévu dans les accords de Paris, explique une étude à paraître dans la revue Nature Climate Change, lundi 23 octobre.
Article rédigé par Boris Hallier
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3 min
Des icebergs dérivent au large de la baie de Vincennes, dans le Territoire antarctique australien, le 27 septembre 2013. (TORSTEN BLACKWOOD / AFP)

C'est une conclusion qui fait froid dans le dos. La fonte de l'Antarctique est irréversible, selon  une étude publiée lundi 23 novembre dans la revue Nature Climate Change. La fonte de la glaciaire va ainsi se poursuivre même si l'Homme parviendra à limiter le réchauffement climatique, selon des scientifiques britanniques du British Antarctic Survey, l'organisme qui exploite des stations de recherches en Antarctique. Ces chercheurs ont plus précisément analysé l'évolution de la glace. 

Car l'Antarctique est une zone sensible, particulièrement sa partie occidentale. La région de la mer d'Amundsen, à l'extrême ouest du continent, est particulièrement exposée. "On suspecte depuis des décennies que c'est le point faible de la calotte antarctique, explique Gaël Durand, directeur de recherche à l'Institut des géosciences de l'environnement. Si des mécanismes d'instabilité, de retrait se mettent en place, c'est dans ces secteurs-là que ça va se jouer. Donc c'est pour ça que cette région est plus particulièrement scrutée."

Des collègues britanniques de Gaël Durand ont calculé que le processus de fonte des glaces de l'Antarctique est enclenché de manière définitive. En clair : quoiqu'il se passe et quoique l'on fasse, il est impossible de revenir en arrière. Et ce, même avec le meilleur des scénarios, à l'instar de celui des accords de Paris, qui vise à limiter le réchauffement climatique à 1,5 degrés. Ce processus s'observe sur les barrières protectrices de la banquise antarctique, les plateformes de glace, ce qui en complique l'étude. 

"Les glaciers s'écoulent plus vite et rejettent plus de glace dans l'océan."

Gaël Durand, directeur de recherche à l'Institut des géosciences de l'environnement

à franceinfo

"Ces plateformes de glace retiennent l'écoulement des glaciers, raconte Gaël Durand. Quand on fragilise ces plateformes, plus de glace va vers l'océan. C'est ce qu'on observe depuis une vingtaine d'années maintenant grâce à des mesures satellites dans le secteur d'Amundsen."

Le directeur de recherche poursuit : "On voit que ces plateformes s'amincissent du fait d'intrusions de chocs dans la cavité, qui viennent à fondre la glace plus intensément que précédemment." L'auteur de l'étude à paraître dans la revue Nature Climate Change l'assure : c'est comme si on avait perdu le contrôle de la fonte des glaces en Antarctique-occidentale.

L'étude appelle à anticiper une élévation du niveau des océans

Les conséquences de cette fonte des glaces de l'Antarctique risquent de se voir sur les littoraux. Car la calotte glaciaire du Pôle sud contient assez d'eau pour élever le niveau de la mer de cinq mètres. Certes la situation n'est pas encore à ce stade, mais le rythme de la fonte des glaces est difficile à évaluer, ce qui pose problème pour s'adapter. "Le niveau de la mer va augmenter de deux mètres. La question n'est pas de savoir s'il va augmenter de deux mètres, c'est de savoir quand : est-ce que c'est dans un siècle ou est-ce que c'est dans quelques millénaires." Gaël Durand revient à la situation actuelle : "Aujourd'hui, on est à une élévation du niveau de la mer qui est de 3,7 mm chaque année sur la période récente quand on additionne toutes les composantes."

Carte de l'étendue de la banquise de l'Antarctique et ses anomalies pour un mois de juin, tous les 10 ans depuis 1993. (VALENTIN RAKOVSKY, ANIBAL MAIZ CACERES / AFP)

L'aspect irréversible de la fonte des glaces de l'Antarctique ne doit pas détourner d'un des objectifs de l'étude : anticiper au maximum l'élévation du niveau des océans. "Le changement climatique, on y est déjà, assène Gaël Durand. Il va se poursuivre plus ou moins fortement en fonction de notre consommation d'énergie fossile. Plus ça sera fort, plus ça sera difficile de s'adapter et il est indispensable de s'adapter d'ores et déjà. Ce sont des plans d'adaptation qui demandent des décennies à être mis en place." Un spectaculaire exemple d'adaptation est prévu : la capitale de l'Indonésie, Djakarta, va déménager à cause d'inondations répétées. 

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