Bue ou consommée indirectement, l'eau est présente partout. A l'heure des sécheresses à répétition, franceinfo vous propose un quiz pour mieux comprendre l'enjeu de réduction de l'usage de cette ressource vitale.
Vêtements, alimentation, produits… L'eau irrigue notre quotidien. Pourtant, avec la multiplication et l'intensification des épisodes de sécheresse, sous l'impact du réchauffement climatique, cette ressource vient à manquer. Mercredi 2 août, les pouvoirs publics ont donc restreint l'usage de l'eau dans plus de 30 départements. Plus tôt, en janvier, le gouvernement a annoncé un plan de sobriété pour inciter à réduire la consommation d'eau. Mais quelles sont les pratiques qui en demandent le plus ? Quels gestes sont les plus efficaces pour limiter les prélèvements de cet "or bleu" ? Pour vous aider à comprendre cet enjeu, franceinfo vous propose de tester vos connaissances.
L'industrie du textile n'est pas anodine dans les enjeux de réduction de la consommation d'eau : elle représente 4% des prélèvements d'eau douce dans le monde, dont un quart pour le coton, explique l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe). Un jean nécessite entre 7 000 et 11 000 litres d’eau, l'équivalent de 285 douches, et un tee-shirt en coton 2 700 litres, soit 70 douches. Face à ces chiffres, l'agence conseille notamment de "privilégier les fibres dont la culture est moins gourmande en eau, comme le lin", dont "la France est le premier producteur mondial".
Un kilo de maïs en grain nécessite 454 litres d'eau, note le CNRS. C'est moins que le blé, qui consomme 590 litres par kilogramme produit. Mais ce n'est pas tant la quantité d'eau qui importe, ici, plutôt la période à laquelle elle est nécessaire. "Le maïs a besoin d'eau au moment où on n'en a pas", résume Aude Witten, directrice générale adjointe de l'Agence de l'eau Adour-Garonne. En comparaison, le blé arrive à maturité "avant la période de basses eaux" tandis que le maïs a un pic de besoin au mois de juillet, "quand les débits ont déjà fortement baissé". La culture de ce dernier est donc très consommatrice et représente un tiers des surfaces irriguées en France, selon le ministère de l'Agriculture (en PDF).
Le risotto est le plat qui nécessite le plus d'eau : 8 000 litres d'eau sont nécessaires pour en produire 1 kg, selon les données de la base Agribalyse. Une grande partie (près de 80%) est consommée par le riz, qui pousse les pieds dans l'eau. Derrière, le cheeseburger a besoin de plus de 4 300 litres d'eau pour 1 kg. "Pour produire de la viande, il faut abreuver les animaux, mais également les nourrir avec des aliments, lesquels auront été irrigués en partie", explique l'Ademe. Un produit animal aura donc souvent plus d'impact qu'un produit végétal, comme en témoignent les besoins en eau d'un gratin de légumes, seulement 460 litres d'eau pour un kilo.
Le Grec figure sur le podium des recordmen mondiaux de la consommation d'eau avec 453 m3 par an et par habitant en moyenne (entre 1995 et 2011). Une place qui s'explique par la forte irrigation de ses cultures, note le CNRS. Le Français consomme, lui, 215 m3, soit plus que la moyenne mondiale de 169m3/hab. Cela inclut l'eau du robinet, mais aussi celle "nécessaire à la production des biens et services consommés par cette population, qu'ils soient produits localement ou importés", précise le ministère de la Transition écologique (en PDF). Bien derrière, un Brésilien consomme 93 m3. "L'irrigation nécessitant des infrastructures parfois très onéreuses, la richesse des pays considérés est un élément important", explique le CNRS. Pour estimer la consommation d'eau de votre foyer, il existe des calculateurs, comme celui de l'Agence de l'eau de Paris ou du Water footprint network.
L'agriculture consomme plus de la moitié (58%) de l'eau en France, devant l'eau potable (26%) et le refroidissement des centrales électriques (12%). Viennent ensuite les usages industriels (4%), selon le ministère de la Transition écologique. Il s'agit de la répartition de l'eau réellement consommée, et donc non restituée aux milieux aquatiques. En irriguant les champs et abreuvant les animaux, l'agriculture consomme donc beaucoup d'eau, comparé aux autres secteurs. Les centrales électriques ont également de gros besoins en eau, mais une grande partie retourne aux milieux naturels.
C'est l'acier qui nécessite le plus d'eau lors de sa fabrication, puisque 300 à 600 litres sont utilisés en moyenne pour en produire 1 kg, selon le CNRS. Le carton, lui, a besoin de 60 à 400 litres pour 1 kg et le ciment d'environ 35 litres. Au-delà de celle que l’on boit, une grande partie de l'eau consommée dans le monde est donc "cachée" dans les produits et matériaux que nous utilisons : ordinateurs, cahiers, murs… "L'eau est vraiment dans tout ce qui nous entoure, commente Esther Crauser-Delbourg, économiste de l'eau. Il faut de l'eau pour produire les puces, dans l'électronique. De l'eau pour refroidir les processus industriels, pour nettoyer. De l'eau pour stériliser les médicaments".
La consommation domestique d'eau est plus forte à la Réunion, où un habitant utilise en moyenne 88,5 m3 par an, selon les chiffres de l'Observatoire des services publics d'eau et d'assainissement (en PDF). "Cela peut s’expliquer en partie par le développement résidentiel, la pression démographique et l’arrosage extérieur, qui est une pratique répandue", explique l'organisme. Les Alpes-Maritimes sont juste derrière, avec une moyenne de 86,1 m3, et devant la Corse-du-Sud (74,4 m3). "Le climat et l’impact potentiel des piscines privées peuvent expliquer pour partie les plus fortes consommations constatées dans le Sud", précise l'observatoire.
Les Français consomment en moyenne 149 litres d’eau par jour, d'après l'Observatoire des services publics d'eau et d'assainissement. Avant tout, ce sont l'hygiène corporelle, les sanitaires, la lessive et la vaisselle qui en utilisent le plus. Ces usages réunis représentent 81% de la consommation, selon l'Ademe. Le reste est partagé entre le jardin et la voiture (6%), la cuisine (6%), la boisson (1%) et d'autres usages plus marginaux, selon ces chiffres qui datent toutefois de 1995.
L'action unique la plus efficace, c'est de commencer à jouer au détective pour trouver les fuites. Un robinet peut en effet laisser filer jusqu’à 120 litres par jour et une chasse d'eau 600 litres, selon l'Ademe. Pour y arriver, l'agence conseille de relever son compteur d'eau avant la nuit, puis de voir au réveil si les chiffres ont changé. Ensuite, pour réduire fortement sa consommation sur le long terme, vous pourrez éviter les bains, puisqu'"une douche rapide consomme de 35 à 60 litres d'eau quand un bain en consomme a minima 150 litres". Enfin, l'optimisation de vos appareils de lavage permettra, pour le lave-linge par exemple, de limiter le nombre de cycles (80 à 120 litres), selon le CNRS.
En France, on prélève plus de 30 milliards de m3 d'eau douce par an et la tendance globale est à la baisse. En effet, "depuis le milieu des années 2000, le volume d’eau douce prélevée pour satisfaire les principaux usages de l’eau baisse, que ce soit pour la production d’eau potable ou pour les usages industriels et le refroidissement des centrales électriques (en dehors du turbinage des barrages hydroélectriques)", rapporte le Commissariat général au développement durable. Dans le détail, les prélèvements pour la production et l’alimentation en eau potable - nécessaires aux foyers, écoles, hôpitaux, entreprises… - sont aussi à la baisse, "avec toutefois un pic en 2003, année de canicule". Pour expliquer cette baisse, Aude Witten, de l'Agence de l'eau Adour-Garonne, évoque le double effet des "politiques menées par les collectivités contre les fuites et les gestes engagés à la maison".
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