COP27 : "Il y a quelque chose d'incongru à la présence de Patrick Pouyanné, le PDG de TotalEnergies, à cette conférence", dénonce un militant écologiste
"Il y a quelque chose d'incongru à la présence de Patrick Pouyanné dans une conférence de l'ONU sur le changement climatique", souligne Nicolas Haeringer, directeur de campagne pour la plateforme qui milite pour les renouvelables 350.org, samedi 12 novembre sur franceinfo, alors que le PDG de Total s'est rendu à la COP27 vendredi, sur invitation des Egyptiens. "Quand Total dit que l'entreprise investit dans la transition énergétique, c'est du ripolinage, c'est de la peinture verte", dénonce le militant.
franceinfo : Pourquoi avoir pris à partie le PDG de Total à la COP27 ?
Nicolas Haeringer : Il y a quelque chose d'incongru à la présence de Patrick Pouyanné dans une conférence de l'ONU sur le changement climatique. C'est un peu comme si Paul Ricard se rendait à une réunion des alcooliques anonymes ou Vladimir Poutine adhérait au mouvement de la paix. On est là pour discuter de la réduction des émissions de gaz à effet de serre dont l'immense majorité est liée à l'industrie fossile. L'industrie fossile fait partie du problème, elle ne fait pas partie de la solution contrairement à ce que dit Patrick Pouyanné. L'Organisation mondiale de la Santé, dans ses conférences sur la réduction du tabagisme, interdit aux industriels du tabac d'être présents. Quelque part, il faudrait faire la même chose sur les négociations sur le changement climatique.
Patrick Pouyanné a rappelé, dans une interview exclusive à franceinfo, que Total investissait aussi pour la transition énergétique. Cela ne vous a pas convaincu ?
Les investissements de TotalEnergies dans la transition énergétique, c'est 1,6% de son chiffre d'affaires. C'est un montant qui est trois fois inférieur à la rémunération des actionnaires. Quand Total dit que l'entreprise investit dans la transition énergétique, c'est du ripolinage, c'est de la peinture verte. En réalité, la priorité de Total, ce sont les énergies fossiles et la rémunération des actionnaires. Il y a quelque chose d'un peu puéril quand Patrick Pouyanné vient à la COP et fait un petit numéro de "Je te tiens, tu me tiens par la barbichette". Il dit "Moi, je ne peux pas changer parce que ce n'est pas à nous d'enclencher le changement, c'est à la demande de bouger". Or c'est exactement l'inverse qu'il faut faire. Il faut une politique de l'offre. C'est l'offre qu'il faut transformer et la demande suivra.
Le PDG de Total fait aussi remarquer que la transition énergétique ne peut pas se faire en une nuit.
Je suis d'accord, ce n'est pas possible de le faire en une nuit, mais ça fait 40 ans que dure cette nuit. Total sait depuis 40 ans la réalité du réchauffement climatique et l'impact de ses activités sur le réchauffement climatique. On ne parle pas d'une nuit, on parle de 40 ans pendant lesquels Total a tout fait pour repousser ce moment-là et c'est à cause de cette procrastination qu'on est face à des soubresauts.
La première étape, évidemment, est de ne pas mettre en service d'autres infrastructures fossiles. Or Total explore et en met en service, c'est l'une des raisons pour lesquelles on est venus l'interpeller avec des militants d'Ouganda et de Tanzanie qui protestent contre le projet Eacop d'oléoduc qui reliera les deux pays pour exporter du pétrole brut partout dans le monde. Les habitants de ces territoires, qui sont déplacés par les activités de Total, voulaient directement parler avec Patrick Pouyanné pour lui dire leur désaccord avec ce projet. La première étape pour Total, c'est de renoncer à un projet comme Eacop.
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