: Document franceinfo COP 27 : "Notre monde vit d'énergies fossiles, croire qu'on va changer le système en une nuit, ça ne marche pas", déclare le PDG de TotalEnergies
En exclusivité sur franceinfo, Patrick Pouyanné s'est expliqué sur la stratégie de TotalEnergies et sur sa présence à la COP27.
"Notre monde vit d'énergies fossiles, croire qu'on va changer le système en une nuit, ça ne marche pas", a déclaré Patrick Pouyanné. Le PDG de TotalEnergies s'est expliqué, en exclusivité sur franceinfo, sur sa stratégie et sur la pression exercée à la COP27 par la société civile. Le PDG de TotalEnergies a été interpellé par des militants français, ukrainiens et africains vendredi 11 novembre après-midi à la COP27. Il était venu à l’invitation des Egyptiens pour défendre l’action de l’industrie pétrolière. Il a été brièvement pris à partie par des militants qui dénoncent notamment la mise en chantier de nouveaux champs pétroliers.
franceinfo : Etait-ce important pour vous d'être à la COP27 ?
Patrick Pouyanné : Le fait d'être présent à la COP est un signe qu'on prend les choses sérieusement. Si je suis présent c'est parce que je pense qu'il faut faire face aux problèmes. On sait bien que les énergies fossiles font parties des problèmes. Je crois fondamentalement qu'on fait partie des solutions. On a les moyens d'éliminer les émissions de méthane, on a les technologies, c'est à nous de le faire.
"Je comprends que les gens posent le problème. La réalité d'aujourd'hui c'est que nos citoyens, nos compatriotes, veulent tous du gaz, de l'énergie tous les jours. Donc, il y a une espèce de contradiction entre le court terme et le moyen terme. À nous de trouver le bon équilibre entre les deux."
Patrick Pouyanné, TotalEnergiesà franceinfo
Qu'en est-il de la production ?
Si on arrête de faire des nouveaux champs pétroliers et gaziers, on a un déclin naturel de la production de 4% à 5% par an. La demande d'énergie ne décline pas de 4 à 5%. On continue à rouler avec des voitures à moteurs thermiques. Donc, si on arrête de faire notre métier, il n'y aura pas assez de production et les prix vont continuer à monter et tout le monde va être en colère. Même l'Agence internationale de l'énergie nous appelle à produire plus pour l'année prochaine.
Donc, c'est vraiment la contradiction. Nous sommes d'accord avec l'Agence internationale de l'énergie sur l'objectif à horizon 2050. Il sera temps, lorsque la demande va baisser, qu'enfin les véhicules électriques viendront progressivement dans nos vies quotidiennes, d'arrêter d'investir dans le pétrole.
Est-ce qu'on a fait les choses à l'envers ?
On n'a pas le choix. La science nous dit qu'il faut aller voir moins de 2° C. Là où on veut mettre les choses à l'envers c'est croire qu'on l'atteindre en diminuant la quantité d'énergie d'aujourd'hui, celle qui nous fait vivre. Ce n'est pas possible. La priorité absolue c'est de construire le nouveau système d'énergie décarboné. Mais les énergies renouvelables on ne les a pas. Notre monde vit d'énergies fossiles. Croire qu'on va changer le système en une nuit, ça ne marche pas.
Donc, il faut prendre le temps de s'organiser et il faut que des acteurs, comme nous, s'engagent à construire ce système décarboné et en même temps notre mission est de fournir au consommateur l'énergie qui le fait vivre aujourd'hui. Voilà le challenge, plein d'opportunités, auquel nous devons faire face.
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