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Projet de loi climat : "Le gouvernement s'engage à moitié dans la transition écologique, c'est le lobby de l'immobilisme qui est gagnant", dénonce le député Matthieu Orphelin

Le député Écologie, Démocratie, Solidarité du Maine-et-Loire estime que le projet de loi climat présenté par le gouvernement n'est pas assez ambitieux,

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Temps de lecture : 4min
Matthieu Orphelin, député Écologie, Démocratie, Solidarité du Maine-et-Loire, à l'Assemblée nationale, le 26 mai 2020. (CHRISTOPHE ARCHAMBAULT / AFP)

"Le gouvernement est beaucoup moins ambitieux que ce qui avait été proposé par la Convention citoyenne pour le climat", a estimé sur franceinfo Matthieu Orphelin, député Écologie, Démocratie, Solidarité du Maine-et-Loire. Selon lui, le projet de loi climat dont l'examen a débuté lundi 8 mars à l'Assemblée nationale est "un texte bien gentil, sympathique, mais pas du tout à la hauteur des enjeux."  

franceinfo : Pour la ministre de la transition écologique, Barbara Pompili, l'ambition écologique est bien dans ce projet de loi climat, l'esprit de la Convention citoyenne sur le climat aussi. Est ce que vous partagez cette analyse ?

Évidemment non. Je crois que la ministre de l'Écologie essaye de s'autopersuader que ce texte est à la hauteur. Elle ferait mieux de lire tous les avis qui ont été rendus. Tous les organismes qui se sont penchés sur ce projet arrivent tous à la même conclusion. Le projet de loi n'est pas suffisant pour que la France respecte les engagements pris sur la baisse des émissions de gaz à effet de serre. C'est dommage que le gouvernement n'arrive pas à entendre tous ces experts et les citoyens qui convergent pourtant tous vers cette analyse.

Qu'est-ce qui manque comme mesures principales ?

Il manque toutes les mesures qui permettent de diminuer fortement les gaz à effet de serre tout en améliorant la vie des Français et des Françaises. Par exemple, des meilleures aides pour rénover énergétiquement les logements, la généralisation du forfait mobilité durable pour les salariés qui vont travailler en vélo ou en covoiturage, ou des éco-prêts à taux zéro pour changer de véhicule. Il manque aussi les chèque "bien manger" pour aider les ménages les plus précaires à aller vers une alimentation plus respectueuse de l'environnement et de la santé. Ce sont des mesures très concrètes qui améliorent la vie des gens et qui préparent mieux notre pays à répondre aux grands défis écologiques et climatiques.

N'y a-t-il pas, selon vous, certaines mesures qui vont dans le bon sens ? Comme la suppression de certaines lignes aériennes en faveur du train.

Heureusement que des articles de la loi vont dans le bon sens. Mais ce n'est pas du tout au bon rythme. On le voit sur l'exemple que vous donnez : la fin des liaisons aériennes quand il existe des alternatives en train. Là aussi, le gouvernement est beaucoup moins ambitieux que ce qui avait été proposé par la Convention citoyenne pour le climat. C'est un texte bien gentil, sympathique, mais pas du tout à la hauteur des enjeux.

Les députés de votre ancien groupe de la République en marche sont divisés sur ce texte. Est-ce que cela peut permettre de faire un peu avancer les choses dans le sens que vous souhaitez ?

On peut espérer que certains députés de la majorité, plus conscients que d'autres de ces enjeux, essaient de forcer le gouvernement à agir par leur vote. Pour l'instant, je ne suis pas très optimiste parce qu'on voit qu'on en reste comme depuis le début du quinquennat : le gouvernement donne des ordres aux députés de la majorité et leur explique qu'il faut voter ou ce qu'il ne faut pas voter. Là aussi, c'est problématique. Certains députés de la majorité vont essayer de forcer le gouvernement à agir plus. Ce serait l'honneur du gouvernement d'être à ce grand rendez-vous de l'Histoire.

Qu'est-ce qui freine d'aujourd'hui ? C'est simplement la volonté politique ou les lobbies ou différents intérêts ?

Je crois que c'est d'abord la volonté politique parce que les lobbies sont présents, mais prêts à bouger. Ce qu'il faut, c'est que le gouvernement se décide enfin à donner une trajectoire, à s'engager résolument dans cette transition écologique qui n'a que des avantages pour l'emploi, pour les territoires, pour la vie des gens, pour le pouvoir de vivre et d'achat. Le problème du gouvernement, c'est que depuis 4 ans, il s'engage à moitié dans la transition et c'est un peu le lobby de l'immobilisme qui est gagnant. On ne prépare pas assez notre pays à répondre à ces grands enjeux climatiques. Et pourtant, c'est là aussi que se joue la compétitivité de nos entreprises. C'est là aussi que se joue l'emploi durable, la santé, l'éducation... Bref, tout ce qui a de l'importance à nos yeux.

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