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Canaries : la mobilisation continue contre les forages pétroliers

Une manifestation de plusieurs dizaines de bateaux doit avoir lieu ce dimanche au large des Canaries. Depuis plus d’une semaine des forages pétroliers ont débuté au large de Fuerteventura, l’une des sept îles de l’archipel espagnol, située en face du Maroc. Mais les habitants qui travaillent en majeure partie dans le tourisme s’y opposent.
Article rédigé par franceinfo
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  (L'usine de dessalement de Fuerteventura fonctionne avec deux éoliennes © Radio France / Anne-Laure Barral)

Au bar des pêcheurs au port de Corralejo au nord de l’île de Fuerteventura, Adrian, 23 ans, a bien l’intentiond’aller manifester près des bateaux qui forent en ce moment près de son île natale. "Avec les bateaux, on veut approcher la plate-forme. On est beaucoup contre un seul : Repsol. La compagnie veut se faire de l’argent avec le pétrole, mais nous on a tout à perdre pour les intérêts d’un seul ", explique le jeune homme.

 

Tous les pêcheurs ne sont pas tous remontés comme Adrian contre Repsol, mais ils se posent des questions. "Ici, nous ne devons pas pêcher certaines espèces comme le thon rouge. C’est interdit aussi par endroit d’utiliser des filets ou des casiers. Il y a beaucoup de règlementations environnementales pour les pêcheurs ", explique José Santana, cigarillo au bec. 

Les Galapagos de l’Atlantique

La zone des îles de Los Lobos, une réserve sauvage, des îles Fuerteventura et de Lanzarote, accueille plus de 28 espèces de cétacés : baleines, dauphins, cachalots. "Ce n’est pas seulement le risque de marée noire qui nous inquiète mais aussi le bruit que font les recherches pétrolières avec les ondes sismiques. Cela peut perturber les cétacés ", explique Pédro Hernandez du collectif environnemental El Guincho.

Même si Repsol dit que tout se passe bien, un cachalot s’est  échoué sur une plage de Fuerteventura la semaine dernière mais on ignore encore la cause exacte.

Alliance avec le tourisme

Les écologistes ne sont pas les seuls à se mobiliser contre ces forages. Eux qui ont combattu le bétonnage des côtes par les hôtels et les résidences secondaires, font alliance avec la puissante industrie du tourisme qui emploie 80 % des gens aux Canaries. Sur la terrasse d’un des plus beaux hôtels de Corralejo, le Bahia Real, sa responsable qualité Mirella Rodriguez,  n’aimerait pas que ses chambres avec vue sur la mer aient bientôt une vue sur des plate-formes pétrolières. Les Canaries accueillent chaque année 2 à 2, 5 millions de touristes, autant que d’habitants

Mais le gouvernement de Madrid estime aussi que ce pétrole pourrait apporter une autre manne économique à l’archipel qui se relève à peine de la crise immobilière qui a frappé toute l’Espagne. "S’il n’y a pas de pétrole, il n’y a pas de voitures, il n’y a pas d’avions. S’ils ne veulent pas du pétrole ici, alors ils iront le chercher ailleurs ", rigole Hannibal, un Portugais venu aux Canaries il y a dix ans pour travailler au port industriel de Fuerteventura.

Madrid contre un référendum

Le gouvernement régional des Canaries voulait organiser un référendum local sur le sujet mais Madrid l’a fait suspendre. Comme en France, c’est l’Etat qui a la compétence de l’énergie pas la région. C’est donc sur ce motif que le référendum est suspendu. Si le gouvernement est contre ces prospections, c’est aussi pour des questions d’eau.

"Nous dépendons à 99  % des usines qui dessalent l’eau de mer pour nos besoins en eau. Pour l’eau potable mais aussi pour l’agriculture. S’il y a une fuite de pétrole nous devront arrêter nos usines de désalement ", selon Natalia Evora, conseillère environnement et transport du Cabildo de Fuerteventura. A Corralejo, au nord de l’île, l’usine de dessalement fonctionne grâce à deux éoliennes qui tournent en permanence.

Ces dix dernières années, les projets d’énergie renouvelables ont fleuri aux Canaries même s’ils restent encore confidentiels et ne produisent que 7% de l’électricité de l’archipel. Mais les experts estiment que cela pourrait monter à 60%.

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