"C'est un peu comme jouer à la roulette russe" : les autorités mettent en garde face aux dangers de la pêche à l'aimant
La pêche à l'aimant permet de ratisser les fonds des rivières pour les dépolluer. Mais de plus en plus de pêcheurs remontent d'anciennes munitions. Malgré le danger, ils ne veulent pas renoncer à leur activité.
Pratiquée à l'aide d'un aimant, cette activité permet de ratisser les fonds des rivières pour remonter divers objets métalliques dans un but écologique ou historique. Mais aujourd'hui, les autorités mettent en garde : de plus en plus de pêcheurs remontent d'anciennes munitions, des armes et même des obus.
Début mai, dans le Nord, un homme d'une trentaine d'année a été brûlé par une grenade au phosphore qu'il venait de pêcher avec un aimant. La Sécurité civile demande donc aux préfectures de rappeler les dangers de la pratique. Pourtant, cela ne semble pas effrayer, ni arrêter Owen, 20 ans. Cela fait cinq ans qu'il se balade avec son gros aimant au bout d'une corde d'escalade sur les berges de l'Oise. Son objectif : dépolluer la rivière. "Là, ça a l'air d'être une grosse barrière qui n'a rien à faire dans l'eau. Je vais lancer le grappin et on va essayer de la remonter... et là on y arrive... et des barrières comme ça il y en a partout !", explique le jeune homme.
La goupille de l'obus était encore amorcée
S'il n'y avait que des barrières... Owen et ses amis découvrent aussi des trottinettes, des portes de voiture, des scooters et même, il y a sept mois, un obus de la Première Guerre mondiale : "J'ai vu qu'il y avait une goupille à l'intérieur qui n'était pas encore désamorcée. On l'a détachée avant de savoir que c'était un obus et quand je l'avais dans les mains, j'ai fait 'c'est un obus, on va le poser là tout doucement'. On fait un périmètre de sécurité, on appelle les gendarmes, les démineurs et c'est bon. Ça fait un peu peur mais après, c'est le but du jeu un peu. C'est une chasse au trésor et en même temps de la dépollution. Je me sens franchement à 98% en sécurité. C'est que 2% ou 1% de remonter des engins explosifs. C'est très rare."
Partir à la pêche à l'aimant, c'est comme se mettre dans une voiture sans ceinture de sécurité.
Mickael Bernier, chef de la communication de la direction générale de la sécurité civileà franceinfo
Mais c'est 1% ou 2% de trop pour Mickael Bernier, chef de la communication de la direction générale de la sécurité civile : "C'est jouer à la roulette russe. Effectivement, vous pouvez avoir une bonne intention mais toute munition sortie de l'eau, toute munition qu'on peut trouver à terre, partout d'ailleurs, est une munition dangereuse, s'emporte Mickael Bernier. Au moment où elle sort de l'eau, il peut y avoir plusieurs effets : elle peut exploser immédiatement, elle peut exploser plus tard. L'aimant peut provoquer son explosion. C'est prendre un risque avec sa vie et en plus celle des autres."
Mieux encadrer la pratique
Certains pratiquent la pêche à l'aimant dans des cours d'eau marqués par de nombreux conflits, à la recherche de trésors historiques. C'est pour eux que les contraintes doivent être renforcées selon Didier Hau, le président de l'association de pêcheurs l'aimant dunkerquois : "Il y a des zones qui doivent être interdites à la pêche à l'aimant, c'est certain, mais il ne faut pas généraliser. Il y a des coins dans le secteur, on sait pertinemment qu'il y a des obus au fond de l'eau : on n'y va pas, c'est tout ! Dans les canaux qu'on fait intra-muros ou dans le port de Dunkerque, il y a très peu de risques que l'on tombe sur quelque chose."
Selon Didier Hau, le meilleur modèle est à chercher au Royaume-Uni, où seules les associations formées par la Sécurité civile sont autorisées à pratiquer la pêche à l'aimant. En France, la pêche à l'aimant sans autorisation administrative est considérée comme une activité illégale. La préfecture de la Somme a totalement interdit la pratique de la pêche à l'aimant aux particuliers par arrêté préfectoral depuis le 5 août et d'autres départements s'apprêtent aussi à légiférer sur la question.
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