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Extension des aires protégées en Méditerranée : "Bien sûr que c'est la clé !", se réjouit un océanographe

Au troisième jour de son déplacement à Marseille, Emmanuel Macron a annoncé vouloir porter les aires protégées en Méditerranée à 5% de l'espace maritime français d'ici 2027.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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L'océanologue et chercheur François Sarano. (PASCAL GUYOT / AFP)

Étendre les aires protégées en Méditerranée, "bien sûr que c'est la clé !", se réjouit samedi 4 septembre sur franceinfo l'océanographe François Sarano. La veille, Emmanuel Macron a annoncé vouloir les porter à 5% de l'espace maritime français d'ici 2027, contre 0,2% actuellement, lors de l'inauguration du Congrès mondial de la nature à Marseille (UICN).

franceinfo : Les aires de "protection forte", c'est la solution pour préserver la faune et la flore méditerranéenne ?

François Sarano : Bien sûr que c'est la clé ! La nature n'a pas besoin de nous, elle a juste besoin que nous arrêtions notre opération de prélèvement. Et une réserve sert à cela : pas de prélèvement, ni professionnel, ni de pêche de loisir. Et alors, la nature revient en force. La mer est résiliente, mais il faut respecter ces règles et l'État ne donne pas le bon exemple. On le voit à La Réunion par exemple, dans la Réserve naturelle marine : le comité scientifique a pris le Centre de sécurité requin 166 fois en infraction de braconnage. Or, cet organisme est sous l'autorité du préfet.

Vous plaidez aussi pour une véritable pédagogie autour de la préservation de la Méditerranée ?

Il faut créer des écoles de formation à la rencontre. Il faut que les gens se reconnectent avec la nature. Comment voulez-vous que quelqu'un puisse penser changer de mode de vie, arrêter de jeter des plastiques et protéger les espèces s'il ne les connaît pas ? Ce sera aussi une bonne école de la vie en société, parce que la rencontre avec un animal sauvage est tellement difficile qu'elle vous apprend à rencontrer tout le monde, à aimer tout le monde.

Il faut donc sortir des grandes alertes, des chiffres lorsque l'on parle de la protection de la biodiversité selon vous ?

J'ai vécu le Sommet de la Terre à Rio en 1992. Tout devait changer, les chiffres étaient là, on les connaît depuis cinquante ans. Mais ça ne parle qu'à la tête, et la tête ne fait pas changer les choses. Si je vous dis ''800 millions de tonnes de déchets'', ça vous parle ? Moi, non. Mais si vous voyez une baleine qui danse ou si vous prêtez attention aux petits gobe-mouches qui sont en train de prendre des moucherons, alors vous allez changer parce que cela va vous toucher. Il faut renouer avec un récit différent, amener les gens au contact, à la rencontre.

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